Lexique non-duel de mots bibliques et spirituels

Peut-on vraiment dé-finir l’Infini, si définir signifie lui mettre une limite ?

Ce lexique est vivant, en perpétuelle évolution. Il se transforme au fil de vos questions et de la recherche commune à la Maison bleu ciel.

Les définitions proposées ici ne sont pas des vérités figées, mais des pistes, des invitations à explorer, à questionner, à reformuler. Provisoires, elles ouvrent un chemin, offrent des repères sans enfermer, éclairent sans figer le mystère. Si elles ne résonnent pas en vous, laissez-les de côté. Et si elles vous inspirent d’autres mots, d’autres formulations, suivez cet élan : c’est dans cette dynamique que ce lexique prend tout son sens.

Dans le domaine spirituel, les mots balbutient souvent. Ils ne sont que des éclats, des tentatives imparfaites pour pointer vers l’Indicible. Et au fil du temps, ils ont accumulé des couches, des interprétations, des rigidités qui les éloignent de leur source vive.

Les mots doivent être lavés pour retrouver leur limpidité. Ils ne prennent leur véritable sens que lorsqu’ils sont réaccordés à l’expérience, à la présence, à la résonance intime avec l’Essentiel. Ici, nous ne cherchons pas tant à les définir qu’à les laisser respirer à nouveau, à les délester de ce qui les alourdit pour qu’ils puissent redevenir ce qu’ils sont : des portes ouvertes vers l’Infini.


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  • Abel est le frère silencieux de Caïn, celui dont le nom signifie souffle, vapeur (Hevel en hébreu), comme une existence fragile, éphémère. Il est celui qui donne sans retenir, qui offre sans chercher à posséder.Son offrande est accueillie, non parce qu’elle est meilleure en apparence, mais parce qu’elle est donnée dans la transparence du cœur, sans calcul ni attente de retour. Il incarne cette part en nous qui sait que tout est don, que rien ne nous appartient vraiment, que la vraie offrande est un lâcher-prise.Abel est aussi celui qui subit la violence de son frère Caïn sans riposter, celui qui tombe sans se défendre. Il représente cette part vulnérable en nous, cette innocence qui ne lutte pas contre l’égo blessé, mais qui parfois est sacrifiée sur l’autel de la comparaison et du ressentiment.Mais Abel ne disparaît pas totalement. Sa voix continue de résonner : "Le sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi." (Genèse 4,10). Il est la mémoire vivante de ce qui a été brisé, de ce qui attend d’être réconcilié.Il nous rappelle que l’offrande véritable ne se mesure pas à ce qui est visible, mais à l’intention qui l’anime. Il est l’invitation à donner librement, à exister sans chercher à s’imposer, à reconnaître que la vie elle-même est un souffle offert.
  • Abraham est le père des chercheur-se-s de l’Invisible. Il est celui qui quitte ses sécurités, qui marche vers un ailleurs qu’il ne connaît pas ("Va vers toi-même." – Genèse 12,1, selon une autre lecture possible).Il ne s’agit pas seulement d’un voyage géographique, mais d’un voyage intérieur : lâcher ce qui enferme, sortir des cadres trop étroits, oser la confiance même quand tout semble incertain.Abraham est celui qui découvre que l’Infini ne demande pas de sacrifices sanglants, mais un cœur ouvert. Son chemin n’est pas celui d’un héros parfait, mais d’un homme qui apprend, pas à pas, à s’abandonner à ce qui le dépasse.
  • Voix intérieure qui murmure que rien ne vaut plus la peine, que le goût de vivre s’est éteint. Elle naît souvent dans l’ordinaire des jours, dans l’usure d’un chemin où l’élan s’est perdu, où le sens s’est effacé.L’acédie, c’est la fatigue de l’âme, le désenchantement profond qui touche à la racine du désir.Elle se manifeste comme une lassitude de tout : de soi, des autres, du monde, de la prière, même de Dieu.Rien ne parle plus. Rien ne répond plus. Tout semble vain, inaccessible, sans goût.Elle peut se loger dans la gorge, dans le souffle, dans le ventre… comme un effondrement intérieur.Elle prend souvent la forme d’un repli désabusé, d’une certitude que rien ne changera. Elle se nourrit du désespoir et de la rancune, et pousse parfois à s’isoler, à se taire, à ne plus croire.Mais à son cœur, l’acédie n’est pas seulement une fermeture : elle est un appel silencieux, une demande muette de réveil, une crise spirituelle qui demande à être entendue comme telle.Elle appelle la persévérance, la respiration consciente, la prière ténue, la relation vraie, le retour à l’essentiel.Elle se transforme lorsqu’elle est reconnue, accueillie sans complaisance, traversée avec tendresse et volonté.Alors, elle devient passage vers une espérance plus nue, plus libre, plus ancrée dans l’être que dans les attentes.--> voir aussi tristesse
  • Adam n’est pas un individu unique, ni notre ancêtre, mais figure l’humanité tout entière. En hébreu, Adam signifie simplement "le terreux", l’être tiré de la terre (adamah).Il incarne notre condition humaine : à la fois fait-e de poussière et porteur-se du Souffle.L’"expulsion" du jardin n’est pas une punition, mais un passage : celui de l’innocence à la conscience, du simple état d’être à l’expérience de la séparation. Adam, c’est nous, quand nous nous croyons coupé-e-s de l’Essentiel. Mais derrière l'exil, il y a toujours un chemin de retour.
  • L’addiction n’est pas seulement une dépendance à une substance ou à un comportement. Elle est une tentative de combler un vide, un besoin profond qui cherche sa source mais se perd en chemin.Tout humain a soif d’infini, de plénitude, de reliance. Lorsque cette soif ne trouve pas son véritable chemin, elle se fixe sur un objet extérieur, une répétition qui rassure mais n’apaise jamais vraiment. L’addiction est une quête mal orientée, une manière de chercher à remplir un manque fondamental par quelque chose qui ne peut jamais suffire.Dans la Bible, l’idolâtrie est souvent une forme d’addiction : s’accrocher à une image, à une possession, à un rituel, à un pouvoir en pensant y trouver la paix. Mais l’idole ne comble jamais : elle enferme dans une dépendance qui exige toujours plus.L’addiction n’est pas une faute morale, mais un enfermement, un cercle qui se referme. Elle est un appel mal écouté, une blessure qui cherche un baume mais s’enferme dans l’illusion.S’en libérer n’est pas une question de volonté seule, mais de réorienter la soif vers ce qui, au fond, l’appelle vraiment. C’est reconnaître que ce que l’on cherche à l’extérieur est déjà là, plus profond, et ne demande qu’à être goûté autrement.
  • Adonaï est un des noms donnés à l’Infini dans la tradition biblique. En hébreu, il signifie "Mon Seigneur", mais cette traduction reste imparfaite.Dans la Bible, Adonaï est souvent utilisé à la place du Tétragramme sacré (YHWH), ce Nom imprononçable qui désigne la Présence au-delà de tout nom. Dire Adonaï, ce n’est pas évoquer un maître extérieur, mais reconnaître une Présence qui nous précède, nous habite et nous soutient.Ce n’est pas un titre de domination, mais un lien d’alliance : non une soumission servile, mais une reconnaissance intérieure. Dire Adonaï, c’est s’incliner non par contrainte, mais par confiance, dans un abandon à ce qui est plus vaste que nous. C’est une parole d’ouverture, un nom qui invite à l’écoute et à la disponibilité au Souffle vivant.
  • Agar est l’étrangère, la servante égyptienne, celle qui est rejetée, chassée au désert. Elle est la figure de celles et ceux que l’on abandonne, de celles et ceux qui pensent être oublié-e-s.Mais c’est à elle qu’apparaît l’ange, c’est elle qui nomme Dieu "Celui qui me voit" (Genèse 16,13). Dans l’épreuve, elle découvre qu’elle n’est pas seule.Agar est le signe que l’Infini ne regarde pas les statuts sociaux, les appartenances ou les exclusions humaines. Là où nous croyons être perdu-e-s, une source cachée peut jaillir.
  • L’agneau, dans la Bible, n’est pas seulement un animal sacrificiel ni une image de douceur naïve. Il est le symbole de l’innocence, de la vulnérabilité offerte sans défense, de la force silencieuse qui ne passe ni par la domination ni par la peur.Il n’est pas un être faible qui subit, mais celui qui traverse sans résistance inutile, qui demeure ouvert là où tout pousse à se fermer. L’agneau ne lutte pas contre l’adversité par la violence, il incarne une autre puissance : celle de la confiance absolue en ce qui est plus vaste que lui.Dans la tradition juive, l’agneau pascal est le signe d’un passage : quitter l’esclavage pour la liberté, traverser la peur pour entrer dans la confiance. Dans l’Évangile, Jésus est appelé l’Agneau de Dieu (Jean 1,29), non comme une victime expiatoire, mais comme celui qui, par sa vulnérabilité assumée, révèle un chemin de Vie plus profond que la force apparente.Être agneau, ce n’est pas être naïf, c’est marcher dans l’innocence, c’est rester ouvert et transparent à la Présence, sans se laisser enfermer dans la peur ou la dureté du monde. C’est une puissance qui ne s’impose pas, mais qui transforme, comme une lumière qui ne force rien mais qui éclaire tout.
  • L’air est ce que nous ne voyons pas, mais qui nous fait vivre. Il est l’élément subtil, insaisissable, toujours en mouvement, qui circule en nous sans que nous ayons à y penser.Dans la Bible, l’air est intimement lié au Souffle (Ruah en hébreu, Pneuma en grec), cette respiration qui anime toute chose. "Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va." (Jean 3,8). L’air est cet espace de liberté où la Vie ne se laisse pas enfermer, où l’Infini se manifeste sans se laisser saisir.Nous respirons l’air sans le posséder, comme nous sommes traversé-e-s par l’Essentiel sans pouvoir l’enfermer. Il est le lien invisible entre nous, la circulation du vivant, ce qui nous rappelle que nous ne sommes pas des îlots séparés, mais des êtres reliés par un même souffle.Là où l’air circule librement, il apporte légèreté et mouvement. Mais lorsqu’il est bloqué, il devient suffocant, il oppresse. L’air nous enseigne donc l’ouverture : apprendre à respirer, à laisser passer, à ne pas retenir ce qui doit continuer son chemin.Respirer, c’est participer au grand Souffle, entrer en résonance avec l’Infini. L’air nous rappelle que la Vie ne se possède pas, elle se reçoit, à chaque instant, dans l’espace laissé libre en nous.
  • Alléluia n’est pas une simple exclamation de joie ni un mot réservé aux chants liturgiques.En hébreu, Hallelu-Yah signifie littéralement "Louez Yah (l’Infini)". Mais cette louange n’est pas une obligation ni une injonction extérieure. Elle est l’élan spontané d’un cœur qui reconnaît la Présence, une ouverture où la Vie se donne sans retenue.Alléluia n’est pas un mot figé, c’est un souffle. Il n’est pas réservé aux moments de lumière : il peut jaillir dans l’épreuve, dans l’inattendu, dans le silence. Il est le chant de l’Ouvert, l’expression d’une gratitude qui n’attend pas que tout soit parfait pour éclore.
  • L’Alliance n’est pas un contrat entre l’humain et une divinité extérieure, ni un engagement soumis à des conditions. Elle est une réalité toujours présente, un lien indissoluble entre l’Essentiel et tout ce qui est. Il ne s’agit pas de mériter cette alliance, mais d’y consentir, de s’ouvrir à cette relation vivante qui nous précède et nous porte.
  • Dans la Bible, l’âme n’est pas une entité indépendante qui quitterait le corps à la mort pour s’élever au paradis ou se réincarner ailleurs. Elle n’est pas une chose que l’on possède, ni un fragment isolé d’éternité qui voyagerait d’une vie à l’autre.L’âme (psukhê) est la dimension vivante de l’être humain, traversée par les émotions, les pensées et les attachements. Elle est en mouvement, influencée par l’histoire personnelle, les désirs et les conditionnements.Ce qui demeure, c’est ce qui en elle s’est laissé unifier, ce qui a reconnu l’Infini et s’y est abandonné. Tout le reste, tout ce qui est illusion de séparation, retourne à la terre comme un vêtement délaissé.L’âme est donc chemin plus qu’objet, passage plus que possession. Elle n’est pas appelée à survivre en tant que "quelqu’un", mais à s’effacer dans une reconnaissance plus vaste, dans l’Unité qui a toujours été là.
  • Amen ne signifie pas seulement "Ainsi soit-il". C’est un mot hébreu qui exprime une confiance profonde, une adhésion intérieure à ce qui est vrai et vivant.Dire Amen, ce n’est pas simplement clore une prière, c’est dire "Oui" à l’instant, consentir à l’Essentiel, s’abandonner en confiance à ce qui se déploie. Ce n’est pas une formule magique, mais un acte de présence : un souffle qui affirme et accueille en même temps.
  • Un ange n’est pas un être ailé venu d’un autre monde, ni une entité séparée qui interviendrait ponctuellement dans nos vies. Dans la Bible, le mot malakh en hébreu et angelos en grec signifie simplement "messager".Un ange, c’est tout ce qui, dans notre vie, nous met en lien avec l’Essentiel. Ce peut être une intuition soudaine, une parole qui nous touche au bon moment, un événement qui nous réveille.Les anges parlent souvent dans les rêves. Comme pour Jacob qui voit une échelle reliant la terre et le ciel, ou Joseph qui reçoit des messages dans son sommeil, le rêve est un espace où notre conscience s’ouvre à une autre dimension, où l’Invisible trouve un chemin pour se dire. L’ange ne vient pas de l’extérieur : il murmure dans notre intériorité, à travers les symboles, les signes et les rencontres, nous invitant à voir autrement, à élargir notre regard.
  • L’Apocalypse n’est pas la fin du monde au sens catastrophique, mais un dévoilement. En grec, "apokalupsis" signifie "révélation". C’est le moment où tombent les illusions, où ce qui était caché devient visible. Ce n’est pas un effondrement, mais une invitation à voir autrement, à entrer dans une lumière plus grande.
  • Un apôtre n’est pas seulement un envoyé ou un missionnaire. Il est celui qui a été touché au plus intime et qui, porté par cette expérience, la partage naturellement. Il ne s’agit pas d’imposer un message, mais de rayonner une présence, d’être témoin d’un chemin qui s’ouvre en soi et qui invite les autres à s’y reconnaître.
  • L’arbre de la connaissance du bien et du mal n’est pas simplement un symbole d’interdit, ni une punition divine. Il représente un basculement de conscience : le passage d’une perception unifiée de la réalité à un regard qui divise, juge et oppose.Avant de manger de son fruit, Adam et Ève vivent dans l’innocence de l’Unité, où tout est perçu sans dualité. En goûtant à cet arbre, ils entrent dans la logique du mental qui compare, qui catégorise, qui sépare ce qui, en vérité, est inséparable. Le monde n’est plus un flux vivant, mais une somme de jugements : bien/mal, permis/interdit, moi/l’autre.Ce n’est pas la connaissance en soi qui est en jeu, mais la manière dont elle est saisie. L’arbre de la connaissance devient un piège lorsqu’il est utilisé pour se croire maître du réel, pour enfermer la Vie dans des concepts fixes, au lieu de l’accueillir dans sa mouvance et son mystère.Mais la séparation n’est pas une fin en soi. L’arbre de la connaissance n’est pas l’arbre de la mort, mais un passage : celui de l’expérience de la dualité, qui peut mener, un jour, à un regard réconcilié. Derrière l'expulsion du jardin se cache une invitation à retrouver l’Unité, non plus comme une innocence inconsciente, mais comme une conscience éveillée à ce qui est au-delà des oppositions.
  • L’arbre de vie apparaît dès le récit de la Genèse, planté au cœur du jardin d’Éden (Genèse 2,9). Il est l’image de la source première, de ce qui relie la terre et le ciel, du flux de Vie qui nourrit tout ce qui est.Contrairement à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, qui symbolise la séparation et le jugement, l’arbre de vie représente l’Unité, l’accès direct à la plénitude de l’Être. Il est ce qui nourrit sans mesure, ce qui donne sans s’épuiser.Dans l’Apocalypse, il réapparaît au centre de la Jérusalem nouvelle, portant des fruits en abondance et des feuilles "pour la guérison des nations" (Apocalypse 22,2). Il est le signe que la séparation n’est pas définitive, que la Vie est toujours offerte, accessible à qui se laisse traverser par elle.L’arbre de vie n’est pas un symbole lointain, il est une réalité intérieure : chaque fois que nous cessons de vouloir saisir, que nous nous ouvrons à ce qui est donné gratuitement, nous goûtons à sa sève. Il est la mémoire d’un lien jamais rompu avec l’Essentiel, la promesse d’un retour à l’Unité vivante.
  • L’Ascension n’est pas le départ d’un Jésus qui s’en irait "au ciel", laissant le monde livré à lui-même. Elle est une ouverture, un passage d’une présence extérieure à une présence intérieure.Jésus dit à ses disciples : "Il vaut mieux pour vous que je m’en aille." Car tant qu’ils s’attachent à sa forme visible, ils ne peuvent voir autrement. L’Ascension n’est pas une séparation, mais une invitation à découvrir que la présence du Christ ne se limite pas à un corps, ni à un temps donné : elle est une réalité vivante, toujours là, mais qui demande un regard neuf.Ce n’est pas un éloignement, mais une expansion : il ne s’agit plus de chercher Jésus quelque part, mais de le reconnaître partout, en tout.
  • L’aumône n’est pas un geste de condescendance ni un simple devoir moral. Elle n’est pas un don qui place celui ou celle qui donne au-dessus de celui ou celle qui reçoit.Dans la tradition biblique, l’aumône est un acte de justice (tsedaqah en hébreu) autant qu’un acte de miséricorde. Elle n’est pas une faveur accordée, mais la reconnaissance que ce que nous possédons ne nous appartient pas en propre. Donner, c’est rétablir un équilibre, laisser circuler ce qui est destiné à être partagé.Mais l’aumône véritable ne se limite pas aux biens matériels. Elle est un mouvement du cœur qui se défait de la possession, qui donne sans attente de retour, qui offre sans se glorifier. "Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite" (Matthieu 6,3) : c’est un dépouillement du moi, un abandon du besoin de se croire généreux-se.L’aumône est un exercice d’allègement intérieur : donner pour ne pas s’encombrer, offrir pour ne pas s’attacher, partager pour se souvenir que la vraie richesse est dans le lien, et non dans l’accumulation.
  • L’Avent n’est pas seulement une période qui précède Noël, ni un simple compte à rebours avant une célébration. Il est un temps d’attente, non pas passive, mais habitée, un espace intérieur qui s’ouvre à l’Inattendu.Attendre, dans la tradition biblique, ce n’est pas patienter les bras croisés, c’est se rendre disponible. C’est un éveil, une préparation du cœur, une veille silencieuse où quelque chose de neuf peut naître.L’Avent est un chemin vers l’intérieur : reconnaître nos obscurités sans nous y enfermer, creuser en nous un espace pour que la lumière puisse surgir. C’est le temps du "Préparez le chemin." (Esaïe 40,3), non dehors, mais en nous, pour laisser émerger cette Présence qui vient toujours, mais qui ne s’impose jamais.
  • L’aveugle n’est pas seulement celui qui ne perçoit pas la lumière extérieure. Dans la Bible, l’aveuglement est souvent une image de l’incapacité à voir au-delà des apparences, à reconnaître l’Essentiel.Jésus guérit plusieurs aveugles dans les Évangiles, mais leur véritable guérison ne se limite pas à retrouver la vue physique. Bartimée, par exemple, jette son manteau avant d’être guéri (Marc 10,50) : il se dépouille de ce qui l’enferme avant même de voir autrement.Il y a des aveuglements qui enferment, ceux de la peur, de l’illusion, de l’attachement aux certitudes. Mais il y a aussi une cécité qui ouvre, celle qui invite à voir autrement, au-delà de ce que les yeux montrent.Dans l’Évangile, les Pharisiens disent voir, mais leur regard est enfermé dans des cadres rigides. Jésus leur répond : "Puisque vous dites : ‘Nous voyons’, votre péché demeure." (Jean 9,41). L’aveugle, en nous, est cette part qui tâtonne, qui cherche, qui accepte de ne pas savoir avant d’être conduit à une lumière plus vaste. Parfois, il faut d’abord perdre une vision limitée pour que s’ouvre un regard plus profond