Peut-on vraiment dé-finir l’Infini, si définir signifie lui mettre une limite ?

Ce lexique est vivant, en perpétuelle évolution. Il se transforme au fil de vos questions et de la recherche commune à la Maison bleu ciel.
Les définitions proposées ici ne sont pas des vérités figées, mais des pistes, des invitations à explorer, à questionner, à reformuler. Provisoires, elles ouvrent un chemin, offrent des repères sans enfermer, éclairent sans figer le mystère. Si elles ne résonnent pas en vous, laissez-les de côté. Et si elles vous inspirent d’autres mots, d’autres formulations, suivez cet élan : c’est dans cette dynamique que ce lexique prend tout son sens.
Dans le domaine spirituel, les mots balbutient souvent. Ils ne sont que des éclats, des tentatives imparfaites pour pointer vers l’Indicible. Et au fil du temps, ils ont accumulé des couches, des interprétations, des rigidités qui les éloignent de leur source vive.
Les mots doivent être lavés pour retrouver leur limpidité. Ils ne prennent leur véritable sens que lorsqu’ils sont réaccordés à l’expérience, à la présence, à la résonance intime avec l’Essentiel. Ici, nous ne cherchons pas tant à les définir qu’à les laisser respirer à nouveau, à les délester de ce qui les alourdit pour qu’ils puissent redevenir ce qu’ils sont : des portes ouvertes vers l’Infini.
- feuLe feu est une force ambivalente : il peut réchauffer ou détruire, purifier ou consumer, éclairer ou aveugler. Il est à la fois le feu du buisson ardent qui ne se consume pas (Exode 3,2) et celui qui dévore tout sur son passage.Dans la Bible, le feu est souvent signe de la Présence : "Notre Dieu est un feu dévorant." (Hébreux 12,29). Il ne s’impose pas de l’extérieur, il brûle au-dedans, appelant à une transformation qui ne détruit pas, mais qui libère de ce qui encombre.Le feu est aussi celui de la passion, de l’élan vital qui anime, qui met en mouvement. Mais s’il n’est pas maîtrisé, il peut nous posséder, nous brûler de l’intérieur. Il peut être colère qui consume, désir qui attache, ou flamme qui purifie et éclaire.La question n’est pas d’éteindre le feu, mais de savoir comment il brûle en nous. Laisserons-nous ce feu devenir lumière, ou le laisserons-nous consumer notre être ? Car il n’est pas à craindre : lorsqu’il est accueilli sans résistance, il ne détruit pas, il illumine.
- FidélitéLa fidélité biblique ne repose pas sur l’attachement à des règles ou sur une obligation extérieure. Elle n’est pas une rigidité, mais un ajustement constant à ce qui est vrai.Être fidèle, ce n’est pas répéter mécaniquement des gestes ou des engagements du passé, mais rester en accord avec l’Essentiel, dans un mouvement toujours vivant. C’est une fidélité à la Vie elle-même, qui demande parfois d’oser changer pour rester juste.
- filles de TselophehadLes cinq filles de Tselophehad – Mahlah, Noa, Hoglah, Milcah et Tirtsa – apparaissent dans le livre des Nombres (Nombres 27,1-11). Elles sont des pionnières, des femmes qui osent questionner l’ordre établi pour que la justice advienne.Dans une société où l’héritage passe uniquement par les fils, elles se retrouvent sans droit sur la terre de leur père, décédé sans fils. Mais au lieu d’accepter cette exclusion comme une fatalité, unies comme les cinq doigts de la main, elles osent se tenir devant Moïse et toute l’assemblée pour demander une place légitime.Leur requête n’est pas un caprice, elle est une parole de justice, un appel à une évolution. Moïse consulte l’Infini, et la réponse vient briser une tradition rigide : "Les filles de Tselophehad ont raison." (Nombres 27,7). Leur courage provoque un changement dans la loi, ouvrant un passage pour d’autres après elles.Elles sont les femmes qui n’acceptent pas le silence imposé, qui osent poser leur parole sans violence, avec justesse et audace. Elles ne prennent pas la place d’un autre, elles réclament la leur, en rappelant que la transmission ne se limite pas à un seul modèle.En nous, ces cinq filles sont comme les cinq sens de notre être qui perçoivent une injustice et refusent de s’y soumettre. Elles nous invitent à oser être entier-es, à prendre notre place dans le monde, en équilibre entre ce qui a été transmis et ce qui doit s’ouvrir, à ne pas subir, mais à parler, à demander, à ouvrir un chemin là où tout semblait fermé.
- FilsÊtre Fils ou Fille ne signifie pas seulement être né-e d’un parent. Dans la tradition biblique, c’est un état d’être, une manière de se recevoir de la Source et d’incarner la Vie dans le monde.Si le Père est la Source habitant l’espace du Royaume en nous, alors le Fils est celui ou celle qui laisse cette Vie prendre corps dans le monde. Jésus est appelé Fils, non parce qu’il serait séparé du Père, mais parce qu’il vit pleinement dans cette relation d’intimité avec l’Origine, et qu’il manifeste l’Invisible dans le visible.Il ne s’approprie rien, il reçoit tout et se laisse traverser par la Vie : "Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire au Père." (Jean 5,19). Il ne retient pas, il transmet.Être Fils-Fille, c’est vivre cette dynamique d’incarnation : recevoir et donner, être traversé-e par la Présence sans chercher à la posséder.Nous sommes Fils-Filles lorsque nous nous laissons engendrer par l’Essentiel et que nous l’incarnons dans notre manière d’être au monde. Le Fils est l’Infini qui prend corps, le Royaume qui s’exprime dans la matière, ici et maintenant.--> voir aussi Fils unique
- Fils de DavidL’expression Fils de David désigne, dans la tradition biblique, le Messie attendu, celui qui vient accomplir la promesse faite à David : un règne qui ne serait pas fondé sur la domination, mais sur une justice profonde et durable.Dans les Évangiles, Jésus est souvent appelé Fils de David, notamment par ceux qui crient vers lui pour être guéris, comme Barthimée (Marc 10,47). Mais il ne se contente pas d’incarner une lignée royale terrestre : il en renouvelle le sens. Il ne vient pas régner à la manière des rois humains, mais révéler un autre type de pouvoir, celui du service et du don.Le Fils de David, c’est l’héritier d’une royauté qui ne s’impose pas mais qui éclaire, un règne qui ne s’exerce pas par la force mais par la transparence à l’Essentiel. C’est la conscience qui s’éveille à une autre manière d’être, où la grandeur se mesure à la capacité d’aimer, où la puissance passe par la vulnérabilité offerte.Reconnaître en Jésus le Fils de David, ce n’est pas attendre un sauveur extérieur, mais entrer dans cette dynamique : laisser en soi émerger une souveraineté intérieure, celle d’un cœur libre, non plus gouverné par la peur, mais enraciné dans la confiance et l’Ouvert.
- Fils de DieuL’expression Fils de Dieu ne désigne pas une filiation biologique ou une distinction exclusive. Elle n'est pas réservée à Jésus. Elle exprime l’unité entre l’Humain et l’Infini, entre le visible et l’Invisible.Jésus est appelé Fils de Dieu, non parce qu’il serait extérieur au reste de l’humanité, mais parce qu’il vit pleinement dans cette conscience d’Unité avec le Père. Il est l’Image du Dieu invisible (Colossiens 1,15), non comme une exception, mais comme un modèle : celui qui montre ce que nous sommes appelé-e-s à devenir.Être Fils de Dieu, c’est se laisser engendrer par l’Essentiel, recevoir la Vie comme un don et la laisser s’incarner en nous. Jésus ne garde rien pour lui : il nous invite à entrer dans cette même relation avec l’Origine, à reconnaître que nous sommes, nous aussi, appelés à cette filiation.Fils de Dieu ne signifie pas être séparé du monde, mais le traverser en portant l’empreinte du Royaume. C’est vivre dans cette unité intérieure où l’égo cesse de dominer, où le Je-suis se révèle en nous.Là où nous nous recevons du Père, là où nous cessons de nous identifier à l’éphémère pour nous laisser habiter par l’Essentiel, nous découvrons que cette filiation n’est pas une exception, mais une vocation universelle : "Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait." (Matthieu 5,48).
- Fils de l’humainDans les Évangiles, Jésus se désigne souvent comme le Fils de l’humain (Ben Adam - fils d'Adam en hébreu). Cette expression ne désigne pas seulement son humanité, mais un état d’être universel.Le Fils-la Fille de l’humain, c’est l’être pleinement éveillé et désidentifié, celui ou celle qui ne se laisse plus enfermer dans les jeux de l’égo, mais qui s’ouvre à l’Infini en lui. C’est un passage : de la dispersion à l’unité, de l’illusion de séparation à la reconnaissance du Vivant en soi et en tout.Ce n’est pas un titre réservé à un seul, mais une réalité qui sommeille en chacun-e. Devenir Fils-Fille de l’humain, c’est laisser tomber les identifications limitées pour se tenir dans l’Ouvert, dans une clarté qui ne s’appartient plus mais qui éclaire tout.
- Fils uniqueL’expression Fils unique ne signifie pas une exclusivité, mais l’Un qui se révèle dans le multiple. Jésus est appelé "Fils unique du Père" (Jean 1,14), non parce qu’il serait le seul à être engendré, mais parce qu’il est pleinement unifié, totalement transparent à l’Unité du Père.Si le Père est la Source habitant l’espace du Royaume en nous, alors le Fils est celui qui reçoit cette Vie et l’incarne dans le monde. Il est "l’image du Dieu invisible" (Colossiens 1,15), non comme une entité séparée, mais comme celui qui manifeste ce que nous sommes appelé-e-s à devenir : des êtres unifiés, enracinés dans l’Origine, pleinement vivants.Être Fils unique, c’est être fils unifié, ne plus être dispersé en soi, ne plus vivre dans la séparation intérieure. Là où nous nous recevons du Père sans résistance, là où nous nous laissons engendrer par l’Essentiel, nous devenons à notre tour fils-filles de l’Unité.Nous sommes fils-filles lorsque nous nous ouvrons à cette Unité, lorsque nous cessons d’être divisés entre l’égo et l’Être, entre le visible et l’Invisible. Être Fils unifié, c’est laisser le Je-suis se dire en nous, jusqu’à pouvoir dire avec Jésus : "Moi et le Père, nous sommes Un." (Jean 10,30).
- FoiLa foi n’est pas une adhésion à des croyances ni une certitude figée. Elle ne se prouve pas, elle se vit.Avoir la foi, ce n’est pas posséder une vérité, mais s’ouvrir à plus vaste. Ce n’est pas une sécurité mentale, mais une confiance qui ose avancer sans tout comprendre. La foi n’exclut ni le doute ni la raison : elle est un saut dans l’Inconnu, un élan vers ce qui nous dépasse et nous habite à la fois. Elle ne repose pas sur des mots, mais sur une relation vivante avec l’Essentiel.