Lexique non-duel de mots bibliques et spirituels

Peut-on vraiment dé-finir l’Infini, si définir signifie lui mettre une limite ?

Ce lexique est vivant, en perpétuelle évolution. Il se transforme au fil de vos questions et de la recherche commune à la Maison bleu ciel.

Les définitions proposées ici ne sont pas des vérités figées, mais des pistes, des invitations à explorer, à questionner, à reformuler. Provisoires, elles ouvrent un chemin, offrent des repères sans enfermer, éclairent sans figer le mystère. Si elles ne résonnent pas en vous, laissez-les de côté. Et si elles vous inspirent d’autres mots, d’autres formulations, suivez cet élan : c’est dans cette dynamique que ce lexique prend tout son sens.

Dans le domaine spirituel, les mots balbutient souvent. Ils ne sont que des éclats, des tentatives imparfaites pour pointer vers l’Indicible. Et au fil du temps, ils ont accumulé des couches, des interprétations, des rigidités qui les éloignent de leur source vive.

Les mots doivent être lavés pour retrouver leur limpidité. Ils ne prennent leur véritable sens que lorsqu’ils sont réaccordés à l’expérience, à la présence, à la résonance intime avec l’Essentiel. Ici, nous ne cherchons pas tant à les définir qu’à les laisser respirer à nouveau, à les délester de ce qui les alourdit pour qu’ils puissent redevenir ce qu’ils sont : des portes ouvertes vers l’Infini.


(clear)
  • David est à la fois le berger et le roi, le poète et le guerrier, l’ami fidèle et l’homme aux failles profondes. Il est celui que personne n’attendait, le plus jeune des fils de Jessé, choisi non pour sa force mais pour ce qui brûle en lui.Il incarne cette part en nous qui, traversée de contradictions, cherche un chemin d’unification. Il est l’élan du cœur qui s’en remet à l’Infini, celui qui danse devant l’Arche, chante les psaumes, mais aussi celui qui chute, qui trahit, qui se laisse emporter par ses désirs et qui pourtant revient, toujours, à la Source.David n’est pas un modèle de perfection, mais de vérité intérieure : non celui qui ne tombe jamais, mais celui qui, lorsqu’il chute, ne s’enferme pas dans sa faute. Il pleure, il reconnaît, il se relève.Il nous rappelle que la grandeur ne réside pas dans l’absence de fragilité, mais dans la capacité à laisser l’Essentiel nous traverser, malgré nos ombres. David est l’image d’une souveraineté qui ne repose pas sur la maîtrise, mais sur l’abandon, d’un règne qui ne s’impose pas par la force mais qui s’enracine dans une confiance plus vaste.
  • Le déluge, dans la Bible, n’est pas seulement une catastrophe naturelle, mais une traversée, un effondrement qui précède un renouveau. Il incarne ces moments où tout ce qui semblait solide s’efface, où les repères habituels disparaissent, où l’ancien monde est englouti pour laisser place à un commencement nouveau.Il ne vient pas pour détruire, mais pour purifier, pour laver ce qui s’était figé, pour dissoudre les illusions. Il est ce qui en nous bouscule, défait les structures trop étroites et nous oblige à trouver un autre appui.Face au déluge, deux attitudes sont possibles : résister et sombrer, ou accepter de construire une arche intérieure, un espace où l’Essentiel peut être préservé et traverser l’épreuve.Lorsque les eaux se retirent, une terre nouvelle apparaît. Le déluge n’a pas le dernier mot, il ouvre un passage. Il nous rappelle que derrière chaque effondrement, un nouveau ciel peut s’ouvrir, une autre manière d’être peut émerger.
  • Le désert dans la Bible n’est pas seulement un lieu géographique, c’est un espace intérieur. C’est là où tout superflu disparaît, où il n’y a plus rien à quoi s’accrocher.C’est dans le désert que la Parole se révèle, que l’Essentiel peut enfin être entendu. Mais c’est aussi un lieu de révélation ou d’épreuve, où surgissent nos résistances, nos tentations de retour en arrière.Le désert n’est pas un vide à fuir, mais un espace où quelque chose de neuf peut naître. Il est le lieu du dépouillement, mais aussi celui de la rencontre.
  • Le dialogue intérieur n’est pas un simple monologue mental, ni une réflexion intellectuelle. Il est l’écoute des différentes parts de soi, en créant en nous un espace où ce qui semble opposé peut se rencontrer et s’unifier. Nous sommes traversé-e-s par de multiples voix et énergies de vie: désirs contradictoires, peurs, élans, jugements, blessures passées, aspirations profondes. Souvent, nous les subissons sans les reconnaître, ou nous nous identifions à l’une d’elles en rejetant les autres. Mais lorsqu’on prend le temps de les rencontrer, les écouter, (sans les comparer ou chercher à trancher trop vite) et de dialoguer avec chacune elles, un espace d’apaisement et de clarté peut émerger. Dans la Bible, les psaumes sont souvent des dialogues intérieurs ouverts devant l’Infini : "Pourquoi es-tu abattue, mon âme, et gémis-tu sur moi ?" (Psaume 42,6). Ce n’est pas une négation de la souffrance, mais une manière de lui faire place sans s’y enfermer. Jésus dit : "Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, Je-suis [est] au milieu d’eux." (Matthieu 18,20). Ce principe ne concerne pas seulement les rencontres extérieures, mais aussi les dialogues qui se tiennent en nous. Lorsque deux ou trois parts de nous cessent de s’opposer et acceptent d’entrer en relation, un espace plus vaste s’ouvre, un Souffle peut circuler. Le dialogue intérieur est une invitation à écouter chaque part de soi, à accueillir ce qui se manifeste sans rejet ni fusion, et à laisser l’unité se révéler en nous. C’est offrir un espace où l’Essentiel peut traverser et contenir nos contradictions, jusqu’à ce que nous découvrions, dans l’étonnement et l’émerveillement, la Présence du "Je-suis" vivant en nous.
  • "Je ne crois pas en Dieu, je le vis." disait Maurice Zundel.Le mot Dieu est un mot chargé d’histoire et d’images. Il évoque souvent un être suprême, une puissance extérieure, un juge ou un créateur lointain. Mais aucun mot ne peut contenir l’Infini.L’étymologie du mot "Dieu" proviendrait du latin Deus, lui-même issu du proto-indo-européen deywos, qui signifie "céleste, lumineux", dérivé de dyeu ("briller, luire"). À l’origine, il évoque donc la lumière, l’éclat, ce qui illumine.Mais l’Essentiel n’est pas seulement une lumière extérieure. Il est à la fois au-delà de toute forme et présent dans l’intimité de chaque être. Il ne se prouve pas, il se goûte. Il ne s’impose pas, il se révèle dans le silence, dans l’émerveillement, dans cette clarté intérieure qui éclaire sans être visible en elle-même.Tant qu’il est une idée, une croyance extérieure, il reste un concept parmi d’autres. Mais dès qu’il est vécu, il cesse d’être un objet et devient expérience, souffle, Présence.
  • Être disciple ne signifie pas suivre un maître de l’extérieur, mais marcher vers une reconnaissance intérieure.Le disciple, dans l’Évangile, n’est pas celui ou celle qui répète des enseignements, mais celui ou celle qui entre dans une expérience vivante. Il-elle ne suit pas un dogme, mais une manière d’être, une manière d’habiter le monde autrement.Le vrai disciple ne reste pas éternellement un-e élève. Il-elle grandit jusqu’à devenir lui-même-elle-même un espace où la Présence se manifeste.
  • Le docteur de la loi est celui qui étudie, interprète et enseigne la Torah, la loi donnée au peuple d’Israël. Il est un maître du texte, un garant du savoir, celui qui cherche à comprendre et à transmettre.Dans les Évangiles, il interroge Jésus, non seulement pour apprendre, mais parfois pour le mettre à l’épreuve (Luc 10,25). Il sait ce qui est écrit, mais il lui manque encore l’expérience vivante de ce qu’il connaît.En nous, le docteur de la loi est cette part qui veut maîtriser, qui cherche à comprendre avant de vivre. Il incarne la tentation de figer la vérité en mots, d’en faire un savoir plutôt qu’une expérience.Mais cette part en nous n’est pas un obstacle en soi. Lorsque la connaissance s’ouvre à la Vie, lorsqu’elle ne reste pas enfermée dans l’abstraction mais devient un chemin intérieur, le docteur devient disciple. Il cesse d’interroger pour tester et commence à écouter pour recevoir.Le docteur de la loi en nous est appelé à dépasser la lettre pour entrer dans l’esprit, à lâcher la maîtrise pour se laisser toucher par l’Essentiel.
  • Dorcas, aussi appelée Tabitha (Actes 9,36-42), est une femme discrète mais essentielle : elle incarne la générosité qui tisse du lien, la vie qui se transmet dans les gestes simples. Son nom signifie "gazelle", image de grâce et de légèreté, mais aussi de vivacité.Elle est connue pour ses œuvres de miséricorde, notamment ses vêtements offerts aux veuves et aux plus vulnérables. Elle ne parle pas dans le récit, mais son impact est immense : sa vie est un don, une présence qui soutient et relie.Lorsqu’elle meurt, une grande tristesse s’empare de ceux et celles qu’elle a aidé-es. Ils montrent à Pierre les vêtements qu’elle a cousus, comme des traces de son amour incarné. Devant cette peine, Pierre prie et la relève d’entre les morts.Dorcas est celle qui fait circuler la vie, non dans de grands discours, mais dans des gestes concrets, tissés jour après jour. Elle nous rappelle que le don, la présence et le soin des autres ne disparaissent pas avec la mort : ils portent en eux une fécondité qui dépasse le visible.En nous, Dorcas est cette part qui donne sans calcul, qui soutient sans bruit, qui fait exister l’amour dans la matière du quotidien. Là où la vie semble s’arrêter, elle témoigne que rien ne se perd : tout ce qui a été tissé avec amour demeure et ressuscite autrement.
  • La double prédestination est souvent mal comprise comme une fatalité, un choix arbitraire de l’Infini séparant d’avance les "élus" et les "réprouvés". Mais l’Infini ne fonctionne pas selon des logiques humaines de sélection et d’exclusion.Plutôt que d’y voir une assignation figée, on peut l’entendre comme un double appel : celui de la liberté et de la responsabilité. L’humain est toujours placé devant un passage : s’ouvrir à la Vie ou s’y fermer, se laisser traverser par l’Essentiel ou s’en détourner.Dans cette dynamique, l’Infini ne condamne personne d’avance, mais nous laisse toujours libres de notre orientation. "Je mets devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie." (Deutéronome 30,19).Là où notre être profond dit oui, nous entrons dans l’Ouvert. Là où nous nous refermons sur l’égo, nous expérimentons l’enfermement. Ce n’est pas une punition, mais une conséquence naturelle d’un état intérieur.La double prédestination n’est donc pas une sentence tombée du ciel, mais un miroir de ce que nous choisissons d’incarner. Nous sommes appelés à nous éveiller à l’Unité et à nous laisser transformer, non par contrainte, mais par l’accueil libre de ce qui est déjà là.
  • La douleur est un message, un signal qui nous alerte qu’un déséquilibre est là, qu’un seuil est atteint. Elle n’est pas un ennemi, mais une invitation à écouter, à s’arrêter, à accueillir ce qui se dit à travers elle.Dans le corps, elle marque une blessure, une tension, un trop-plein. Dans le cœur, elle peut naître d’une séparation, d’un attachement brisé, d’une résistance à ce qui est. Mais la douleur, aussi intense soit-elle, n’est pas notre être : elle est une expérience qui traverse, non une identité à endosser.Dans la Bible, Jésus ne nie pas la douleur, il l’assume pleinement : "Mon âme est triste à en mourir." (Matthieu 26,38). Mais il ne s’y enferme pas. Il la traverse sans s’y attacher, sans s’y identifier, jusqu’au lâcher-prise total où l’Ouvert se révèle.La douleur a besoin d’être reconnue, non pour s’y noyer, mais pour lui permettre de circuler, de s’exprimer sans devenir une prison. Lorsqu’elle est accueillie avec douceur et sans peur, elle peut devenir un passage : non plus un mur, mais une porte vers plus vaste.