Lexique non-duel de mots bibliques et spirituels

Peut-on vraiment dé-finir l’Infini, si définir signifie lui mettre une limite ?

Ce lexique est vivant, en perpétuelle évolution. Il se transforme au fil de vos questions et de la recherche commune à la Maison bleu ciel.

Les définitions proposées ici ne sont pas des vérités figées, mais des pistes, des invitations à explorer, à questionner, à reformuler. Provisoires, elles ouvrent un chemin, offrent des repères sans enfermer, éclairent sans figer le mystère. Si elles ne résonnent pas en vous, laissez-les de côté. Et si elles vous inspirent d’autres mots, d’autres formulations, suivez cet élan : c’est dans cette dynamique que ce lexique prend tout son sens.

Dans le domaine spirituel, les mots balbutient souvent. Ils ne sont que des éclats, des tentatives imparfaites pour pointer vers l’Indicible. Et au fil du temps, ils ont accumulé des couches, des interprétations, des rigidités qui les éloignent de leur source vive.

Les mots doivent être lavés pour retrouver leur limpidité. Ils ne prennent leur véritable sens que lorsqu’ils sont réaccordés à l’expérience, à la présence, à la résonance intime avec l’Essentiel. Ici, nous ne cherchons pas tant à les définir qu’à les laisser respirer à nouveau, à les délester de ce qui les alourdit pour qu’ils puissent redevenir ce qu’ils sont : des portes ouvertes vers l’Infini.


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  • Le sabbat n’est pas seulement un jour sans travail, ni une simple règle à observer. Il est un espace de repos qui ouvre à l'Essentiel, une ouverture, un temps où l’on cesse de faire pour simplement être.Dans la Bible, le sabbat est inscrit dans le rythme de la création : "Le septième jour, Dieu se reposa." (Genèse 2,2). Ce n’est pas un repos par fatigue, mais un achèvement, un temps où tout est accompli, où rien ne manque.Jésus rappelle que "Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat." (Marc 2,27). Il ne s’agit pas d’une obligation extérieure, mais d’une invitation à un repos qui libère, à un arrêt qui nous recentre sur l’essentiel.Le sabbat est un seuil : un temps où l’on sort de l’agitation, où l’on s’arrête pour laisser l’Infini nous rejoindre. Il est un espace de gratuité, où rien n’a besoin d’être produit, où l’on retrouve une présence simple et nue.Lorsque le sabbat devient une règle rigide, il perd son sens. Mais lorsqu’il est vécu comme une respiration, il devient un lieu d’unification, un retour à ce qui est déjà là, avant même tout faire.
  • Le sacré n’est pas un espace à part, un domaine réservé au divin séparé du monde. Il est ce qui ouvre, ce qui dévoile une Présence plus vaste dans ce qui est.Dans la Bible, Moïse s’entend dire devant le buisson ardent : "Retire tes sandales, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte." (Exode 3,5). Ce n’est pas l’endroit qui est sacré en soi, mais le regard qui reconnaît l’Infini dans l’instant.Le sacré n’est pas une chose, mais une qualité de présence. Il surgit là où l’on s’arrête, là où l’on écoute, là où l’on entre en relation avec plus grand que soi. Il est l’invisible qui affleure dans le visible, l’intemporel qui se donne dans le temps.Le danger est de le figer dans des lieux, des objets, des rites vidés de leur souffle. Mais tout peut devenir sacré, si l’on y est pleinement présent-e. Le sacré est l’Infini au cœur de l’ordinaire, la reconnaissance que, dans chaque instant, la Présence est là.
  • Le sacrifice n’est pas une destruction ni une perte imposée. Dans la Bible, sacrifier signifie avant tout rendre sacré.Jésus n’est pas venu pour être un "sacrifice" au sens d’une victime offerte à un Dieu assoiffé de sang. Il s’est donné librement, non pour satisfaire une exigence divine, mais pour ouvrir un chemin.Le véritable sacrifice n’est pas une privation forcée, mais un consentement : lâcher ce qui enferme pour entrer dans plus vaste.
  • La sagesse biblique n’est pas un savoir intellectuel ni une maîtrise de soi rigide. Elle est cette écoute intérieure, cette intelligence du cœur qui sait voir l’Invisible dans le visible, qui perçoit la justesse des choses au-delà des jugements hâtifs. Elle ne s’impose pas, elle se révèle à qui sait écouter.
  • Salomon est le roi qui demande non la richesse ni la puissance, mais un cœur intelligent (leb shomea en hébreu, littéralement « un cœur qui écoute ») pour discerner et gouverner avec justice (1 Rois 3,9).Il incarne cette part en nous qui aspire à la sagesse, qui cherche à voir au-delà des apparences, à comprendre le juste équilibre des choses. Son règne est marqué par la paix et l’abondance, son nom même évoque la plénitude (Shalom, la paix).Mais la sagesse peut se perdre lorsqu’elle se coupe de son origine. Salomon, dans sa grandeur, finit par s’éloigner, attiré par le pouvoir, les alliances stratégiques, l’accumulation. Son cœur, au lieu de rester à l’écoute, se disperse.Salomon nous rappelle que la sagesse n’est pas acquise une fois pour toutes : elle est un chemin d’écoute et d’humilité, une vigilance intérieure pour ne pas se laisser séduire par ce qui brille et détourne du Vivant. Il nous invite à cultiver un regard profond, un discernement ancré, et à ne jamais oublier que la vraie sagesse naît d’un cœur relié à l’Essentiel.
  • Le salut ne signifie pas être sauvé par une instance extérieure ni échapper à une condamnation. Il désigne un état d’être, une "grande santé" qui va bien au-delà du corps et du mental. C’est retrouver en soi l’unité intérieure, la paix et la joie fondamentales qui sont toujours là, mais souvent voilées.
  • Le Samaritain est celui qui ne détourne pas le regard. Là où d’autres passent sans s’arrêter, il voit, s’approche et prend soin (Luc 10,25-37). C'est la part de moi qui se fait proche de ma propre blessure.Dans la tradition juive, les Samaritains étaient considérés comme des étrangers, rejetés pour leur culte différent. Pourtant, c’est l’un d’eux que Jésus choisit pour incarner la vraie compassion. Là où le prêtre et le lévite, figures religieuses respectées, passent à distance, le Samaritain s’arrête, touche et soigne.Mais ce blessé au bord du chemin, c’est aussi moi. Il représente ces parts de moi laissées de côté, oubliées, méprisées, celles qui ont été blessées et abandonnées.Le Samaritain en moi, c’est cette part capable de se faire proche de ce que je préfère fuir. Non pour juger ou analyser, mais pour prendre soin, panser, écouter, accompagner ce qui souffre en moi.Se faire proche, c’est cesser de séparer ce qui en moi mérite d’être aimé et ce qui devrait être rejeté. Là où je cesse de m’exclure moi-même, un chemin de réconciliation s’ouvre, et avec lui, un passage vers l’Essentiel.
  • La Samaritaine est cette femme qui, au bord du puits, rencontre Jésus et découvre que la source qu’elle cherche à l’extérieur jaillit déjà en elle (Jean 4,1-30).Elle vient puiser de l’eau, comme chaque jour, absorbée par le besoin ordinaire de survivre. Mais cette fois, sa soif va plus loin : Jésus lui parle d’une "eau vive" qui n’a plus besoin d’être tirée, une eau qui devient en elle "source jaillissant en vie éternelle." (Jean 4,14).Elle représente cette part de nous qui cherche sans savoir exactement ce qu’elle cherche, qui revient sans cesse aux mêmes puits, sans voir qu’il existe une autre eau, déjà présente.En elle, Jésus ne voit pas son passé, ses erreurs ou ses blessures, mais une femme capable de laisser tomber sa cruche, de quitter ce qu’elle croyait être sa seule source pour devenir elle-même messagère d’une eau nouvelle.La Samaritaine est celle qui découvre que la Vie ne se prend pas, mais se reçoit, que l’Essentiel n’est pas à tirer du monde, mais à laisser jaillir du dedans. Elle nous invite à reconnaître que notre plus grande soif est déjà comblée, dès lors que nous cessons de chercher hors de nous ce qui a toujours été là.
  • Sanctifier, ce n’est pas rendre sacré quelque chose qui ne l’était pas, mais reconnaître la sainteté déjà présente dans ce qui est.Dire "Que ton Nom soit sanctifié", ce n’est pas une demande pour que Dieu soit plus grand, c’est un appel à voir, à honorer ce qui est déjà là. Sanctifier, c’est ajuster son regard, apprendre à percevoir le monde et l’instant comme un espace où l’Infini se donne.
  • Sarah, l’épouse d’Abraham, est celle qui rit. Elle rit d’abord d’incrédulité quand on lui annonce qu’elle enfantera à un âge avancé. Mais son fils, Isaac, porte ce nom : "Il rira."Sarah symbolise la traversée du doute : elle est celle qui croyait sa terre intérieure stérile, mais qui découvre que tout peut encore naître, même quand on pense qu’il est trop tard.Elle nous enseigne que la promesse de la Vie ne dépend pas de nos limites apparentes, mais de notre capacité à accueillir l’inattendu.
  • Ce ne sont pas des entités extérieures ou des forces du mal distinctes de nous. "Satan" en hébreu signifie "adversaire" et "Diabolos" en grec signifie "ce qui divise". Ils symbolisent tout ce qui en nous empêche l’unité, ce qui nous pousse à la dispersion, à l’illusion d’être séparé de l’Être.
  • Le Sauveur n’est pas un héros extérieur venu nous arracher à la souffrance, ni un dieu tout-puissant qui agit à notre place. Il ne sauve pas à notre place, il sauve avec nous en nous reliant à ce que nous sommes vraiment. Il ne sauve pas de l’épreuve, mais de l’oubli : l’oubli de notre vraie nature, de notre lien vivant avec l’Essentiel. Ce dont nous avons besoin d’être sauvés, c’est de la séparation intérieure, de l’identification à l’égo, du repli sur la peur ou du mensonge sur nous-mêmes. Ce salut n’est pas une récompense religieuse, c’est une santé profonde — car salut et santé partagent la même racine.Le Sauveur, c’est la Présence du Christ en nous, cette conscience unifiée du Je-suis qui nous relève, nous rassemble, nous guérit non en supprimant nos blessures, mais en les traversant avec amour.Il ne nous enlève pas du monde : il nous y rend pleinement, unifiés, habités. Être sauvé, c’est retrouver l’accès à cette grande santé intérieure, cette paix vivante qui demeure même au cœur du chaos. C’est se souvenir de qui nous sommes.--> voir aussi salut
  • Le mot Seigneur peut heurter. Il évoque parfois un maître lointain, une figure d’autorité verticale, patriarcale, imposante. Mais dans l’expérience spirituelle vivante, ce mot peut être réentendu autrement : comme une désignation de l’Au-delà de tout et de l’Au-dedans de nous.Le Seigneur, ce n’est pas un dieu extérieur qui gouverne de loin. C’est la Présence souveraine et aimante, la Source intérieure qui unit sans contraindre, le Souffle vivant qui guide sans dominer. Il n’impose rien : « Je me tiens à la porte et je frappe… » (Apocalypse 3,20).Dire Seigneur, c’est reconnaître en soi une autorité plus vaste que l’égo, un Je-suis qui éclaire, relève, appelle à l’unité. Ce n’est pas une soumission, c’est un consentement : laisser l’Essentiel régner au centre.Et pour celles et ceux que ce mot ne rejoint pas, d’autres noms peuvent être des portes : l’Essentiel, la Source, la Présence, le Souffle, l’Ouvert, Celui/Celle qui est, ou l’Au-delà de tout et l’Au-dedans de nous.Car le vrai Seigneur ne cherche pas à être nommé. Il attend d’être reconnu, là où nous cessons de vouloir tout maîtriser pour laisser la Vie circuler.
  • Sentir ne se limite pas aux sensations physiques. C’est une manière d’être touché-e par la réalité, de percevoir au-delà des mots, de laisser l’instant résonner en soi sans chercher à l’analyser.Ignace de Loyola insistait sur cette expérience intérieure : "Ce n’est pas de savoir beaucoup qui rassasie et satisfait l’âme, mais de sentir et de goûter les choses intérieurement." Sentir, c’est être présent-e, accueillir ce qui se manifeste sans chercher à le contrôler.Dans la Bible, Élie rencontre l’Infini non dans la tempête ou le tremblement de terre, mais dans "le murmure d’un souffle léger." (1 Rois 19,12). Sentir, c’est être assez disponible pour percevoir l’invisible, cette présence subtile qui ne s’impose pas mais se laisse deviner dans le silence.Là où nous cessons d’interpréter et d’expliquer, nous pouvons simplement sentir, laisser la Vie nous traverser. C’est un état d’écoute profonde, une disponibilité à l’Essentiel, qui ne se comprend pas mais se vit.
  • Séphora, épouse de Moïse, apparaît discrètement dans les Écritures, mais elle se tient à un moment charnière, dans un entre-deux mystérieux (Exode 4,24-26), au seuil du grand passage vers la libération.Elle n’est pas dans la lumière, mais elle agit là où quelque chose se noue entre la vie et la mort. Dans un épisode énigmatique, c’est elle qui accomplit un geste de sang pour préserver Moïse, comme si elle rétablissait le lien entre l’humain et l’Alliance.En nous, Séphora est cette présence féminine intérieure qui veille dans l’ombre, qui connaît les passages sans bruit, qui agit quand il n’y a plus de mots. Elle incarne la sagesse intuitive, la fidélité silencieuse, la force qui n’a pas besoin de s’imposer.Elle nous rappelle que la traversée vers l’Essentiel ne se fait pas sans cette part de nous qui sait sans expliquer, qui ressent sans dominer, qui protège sans bruit.Séphora, c’est le seuil gardé par la présence féminine, celle qui veille sur l’instant où tout peut basculer vers la vie.
  • Le serpent n’est pas seulement un symbole du mal ou de la tentation. Dans la Bible, il incarne une force ambivalente : celle qui réveille, qui questionne, qui met en mouvement. Il est à la fois ce qui trouble l’innocence et ce qui ouvre la conscience.Dans le récit de la Genèse, le serpent n’introduit pas le mal comme une puissance extérieure, mais il vient révéler une faille, un désir mal orienté, une volonté de saisir ce qui ne peut l’être. Il est cette part de nous qui veut contrôler, comprendre, s’emparer au lieu de recevoir.Mais le serpent est aussi, dans d’autres passages, signe de guérison et de transformation : Moïse dresse un serpent de bronze dans le désert, et ceux qui le regardent avec confiance sont relevés (Nombres 21,9).Le serpent représente donc cette énergie vitale qui, si elle est déviée, devient enfermement, mais qui, transfigurée, peut devenir mouvement de conscience, traversée vers une sagesse plus profonde.En nous, il est le feu du désir, qui peut nous brûler ou nous transformer. Il est à accueillir, non à craindre, à reconnaître sans s’y identifier. Car ce qui séduit peut aussi éveiller, s’il nous conduit à plus de vérité.
  • Shalom ne signifie pas seulement l’absence de guerre ou de conflit. En hébreu, il exprime une plénitude, une intégrité, l’expérience d’être Un, sans division intérieure ni séparation avec l’Autre.Ce n’est pas une paix fragile qui dépend des circonstances, mais un état d’être où tout retrouve sa juste place, où l’harmonie jaillit de l’unification. Shalom est ce qui advient quand l’éparpillement cesse, quand nous ne sommes plus tiraillé-e-s entre mille voix contradictoires, mais rassemblé-e-s dans l’Essentiel.Dans la Bible, Shalom est à la fois une bénédiction et une promesse : celle d’une humanité réconciliée, d’un monde où l’Unité se manifeste à travers la diversité. Il ne s’agit pas de nier les différences, mais de les accueillir dans une relation vivante, où chaque fragment retrouve son lien avec le Tout.Shalom, c’est l’expérience d’habiter pleinement l’instant, en se tenant dans l’Ouvert, relié-e à tout ce qui est.
  • Shiphra et Poua sont les sages-femmes qui, en Égypte, refusent d’obéir à l’ordre de Pharaon d’éliminer les nouveau-nés hébreux (Exode 1,15-21). Elles incarnent cette force discrète mais déterminée qui protège ce qui doit naître, même sous la menace des puissances oppressives.Elles sont la part en nous qui choisit la Vie plutôt que la peur, qui défie les logiques de destruction, non par la violence, mais par une fidélité silencieuse à ce qui est juste. Elles nous rappellent que la vraie résistance n’est pas toujours éclatante, mais qu’elle se joue souvent dans des gestes humbles, dans le refus intérieur de céder à l’inacceptable.Shiphra et Poua nous enseignent que la vie nouvelle est fragile, qu’elle a besoin d’être accompagnée, protégée, soutenue. Elles sont les gardiennes des commencements, celles qui veillent sur la naissance d’un avenir que rien ne semble encore annoncer.En elles se tient une sagesse ancienne : celle qui sait qu’aucune oppression n’a le dernier mot, que toute vie portée avec courage peut ouvrir un passage, et que l’Infini agit souvent à travers les mains de celles et ceux qui, dans l’ombre, choisissent de préserver l’invisible germe de demain.
  • Un signe n’est pas une preuve extérieure envoyée par une force divine. Il est un appel discret à voir autrement, une ouverture secrète qui nous invite à entrer dans un autre niveau de réalité. Le signe ne force rien, il se donne à qui sait le reconnaître.
  • Le silence n’est pas une absence de bruit. Il est un espace, une présence, une profondeur où l’Essentiel peut se dire.Ce silence n’est pas vide, il est plein. Il n’est pas absence, il est accueil. Il n’est pas un repli, mais une écoute élargie. Dans le silence, tout ce qui est dispersé se rassemble, tout ce qui est voilé peut se révéler.
  • Être simple, ce n’est pas être naïf ou manquer de profondeur. C’est être sans pli, sans division intérieure, sans masque ni complication. C’est être Un, rassemblé-e en soi, sans écart entre ce que l’on est et ce que l’on montre.Dans la Bible, Jésus dit : "Si votre œil est simple, tout votre corps sera dans la lumière." (Matthieu 6,22). Avoir un regard simple, c’est voir sans se diviser, sans interprétation qui voile la réalité, sans attachement à des illusions.Le simple n’a pas besoin d’ajouter ni d’enlever, il ne joue pas un rôle, il est transparent à l’Essentiel. Il n’est ni réduit ni limité, il est pleinement lui-même, pleinement là.La simplicité n’est pas un état à atteindre, c’est ce qui est déjà là, sous les plis que l’égo a tissés. Être simple, c’est laisser l’Unité émerger, c’est habiter le réel sans chercher à le tordre, dans cette justesse où tout respire naturellement.
  • Le Sinaï est le lieu de la rencontre, de la révélation, du passage entre l’humain et l’Infini. Dans la Bible, c’est sur cette montagne que Moïse reçoit la Loi, au milieu du feu, du tonnerre et du tremblement de terre (Exode 19,18).Mais le Sinaï n’est pas seulement un lieu extérieur, il est une expérience intérieure. Il représente ce sommet en nous où l’égo s’efface, où tout ce qui nous encombre est réduit au silence pour laisser place à la Présence. Monter au Sinaï, c’est oser le face-à-face, accepter d’être dépouillé-e de nos illusions, de nos fausses sécurités, pour entrer dans une relation vivante avec l’Essentiel.Dans la tradition biblique, Moïse ne peut voir l’Infini en face : "Tu ne peux voir mon visage, car l’homme ne peut me voir et vivre." (Exode 33,20). Le Sinaï nous rappelle que l’Infini ne se possède pas, ne se réduit pas à des mots ou à une vision figée. Il se révèle dans le retrait, dans l’écoute, dans le silence qui suit la tempête.Le Sinaï est une traversée : ce n’est pas un lieu où l’on s’installe, mais un espace où l’on reçoit ce qui nous dépasse, avant de redescendre et de l’incarner. Ce n’est pas une ascension pour fuir le monde, mais une rencontre qui transforme notre manière de l’habiter.
  • Le Souffle est bien plus que l’air qui traverse nos poumons. Dans la Bible, il est ruah en hébreu, pneuma en grec : un mot qui désigne à la fois le vent, l’esprit et le souffle de vie.Il est ce qui anime toute chose, ce qui donne l’élan, ce qui fait passer de l’inertie à la vie. Il n’appartient à personne, il traverse, il circule librement. Il ne se possède pas, il s’accueille.Dans la Genèse, l’humain devient vivant lorsque le Souffle lui est insufflé (Genèse 2,7). À la Pentecôte, le Souffle se répand comme un feu qui embrase et met en mouvement (Actes 2,2-4).Respirer, c’est participer à ce Souffle premier, c’est entrer en résonance avec le Vivant. Il est toujours là, discret mais puissant, présence intime et force qui ouvre. Se laisser porter par lui, c’est cesser de vouloir tout maîtriser, c’est s’ouvrir à l’Infini qui respire en nous.
  • La souffrance n’est pas une punition, ni une fatalité à subir. Elle est l’expérience de la séparation, de la résistance, du conflit intérieur. Elle naît là où la Vie ne circule plus librement, là où quelque chose en nous se crispe, s’attache ou refuse de lâcher.Dans la Bible, la souffrance n’est jamais un but en soi. "J’ai vu la souffrance de mon peuple... Je l’ai entendu crier." (Exode 3,7). Elle est reconnue, écoutée, mais elle n’est pas laissée sans réponse : elle devient appel à la libération, invitation à un passage.Souffrir, c’est souvent être enfermé-e dans une perception limitée de soi et du monde, croire que ce qui est douloureux est tout ce qui existe. Mais la souffrance peut aussi devenir un seuil : lorsqu’elle est traversée en conscience, elle peut ouvrir un espace plus vaste, un dépouillement qui permet à l’Essentiel d’émerger.Elle ne se cherche pas, elle ne se glorifie pas, mais lorsqu’elle est là, elle peut être un maître intérieur, non pour nous enfermer, mais pour nous inviter à regarder autrement, à nous ouvrir à un lâcher-prise où la douleur ne définit plus notre être. Là où l’on cesse de lutter contre elle, une autre paix peut surgir.
  • La source n’est pas un réservoir figé, mais un jaillissement, un mouvement incessant qui donne sans s’épuiser. Elle est l’Origine, ce qui précède et alimente toute chose, le point où la Vie prend naissance et ne cesse de se renouveler.Dans la Bible, l’eau vive symbolise cette présence toujours offerte. Jésus dit à la Samaritaine : "L’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant en vie éternelle." (Jean 4,14). La source n’est pas à chercher ailleurs, elle est déjà là, en nous, mais souvent cachée sous les couches de l’oubli et de la dispersion.En nous, la source est cet espace de l’Être, cette connexion à l’Essentiel qui ne demande qu’à être dégagée. Comme un puits bouché, nous avons parfois perdu l’accès à cette eau vive, mais elle ne disparaît jamais : il suffit de creuser, d’écouter, de laisser jaillir.La source ne garde rien pour elle, elle coule, elle donne, elle abreuve. Elle nous rappelle que l’Essentiel n’est pas à accumuler, mais à laisser circuler, à offrir sans retenue.
  • La spiritualité n’est pas une croyance ni une quête réservée à certaines personnes. Elle est un besoin fondamental de l’être humain, tout comme manger, boire, se sentir en lien avec les autres. Elle est l’élan naturel qui nous pousse à chercher un sens, à nous relier à plus vaste que nous, à habiter pleinement l’instant.Elle ne dépend d’aucune religion, mais les traditions religieuses peuvent offrir des repères et des pratiques pour nourrir ce besoin. Cependant, la spiritualité ne se limite pas aux formes extérieures : elle est d’abord une expérience. Elle se vit dans l’émerveillement, l’intériorité, la relation, le silence, l’ouverture à l’Inconnu.Elle commence là où l’on s’arrête pour écouter, là où l’on cesse de vouloir tout contrôler pour laisser l’Être respirer en nous. Elle ne demande pas d’adhésion, elle se goûte.La spiritualité ne s’ajoute pas à la vie, elle en est la sève profonde. Que nous en ayons conscience ou non, elle est déjà là, comme un souffle qui nous traverse, un appel à être pleinement vivant-e, relié-e, présent-e.