Lexique non-duel de mots bibliques et spirituels

Peut-on vraiment dé-finir l’Infini, si définir signifie lui mettre une limite ?

Ce lexique est vivant, en perpétuelle évolution. Il se transforme au fil de vos questions et de la recherche commune à la Maison bleu ciel.

Les définitions proposées ici ne sont pas des vérités figées, mais des pistes, des invitations à explorer, à questionner, à reformuler. Provisoires, elles ouvrent un chemin, offrent des repères sans enfermer, éclairent sans figer le mystère. Si elles ne résonnent pas en vous, laissez-les de côté. Et si elles vous inspirent d’autres mots, d’autres formulations, suivez cet élan : c’est dans cette dynamique que ce lexique prend tout son sens.

Dans le domaine spirituel, les mots balbutient souvent. Ils ne sont que des éclats, des tentatives imparfaites pour pointer vers l’Indicible. Et au fil du temps, ils ont accumulé des couches, des interprétations, des rigidités qui les éloignent de leur source vive.

Les mots doivent être lavés pour retrouver leur limpidité. Ils ne prennent leur véritable sens que lorsqu’ils sont réaccordés à l’expérience, à la présence, à la résonance intime avec l’Essentiel. Ici, nous ne cherchons pas tant à les définir qu’à les laisser respirer à nouveau, à les délester de ce qui les alourdit pour qu’ils puissent redevenir ce qu’ils sont : des portes ouvertes vers l’Infini.


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  • Le Temple n’est pas un bâtiment sacré enfermant la présence divine. Jésus disait : "Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai" (Jean 2,19), parlant de son propre corps. Le vrai temple est vivant : c’est l’espace intérieur où l’Infini se révèle, c’est le lieu de la Présence en nous.Ce temple ne se limite pas à l’humain : la forêt est un temple, le vent qui danse entre les branches en est la prière. Là où la Vie se donne, là est le temple.
  • Les tentations ne sont pas des désirs "mauvais" qu'il faudrait réprimer. Elles ne sont pas non plus des épreuves imposées de l’extérieur pour tester notre résistance.Dans la Bible, la tentation est ce qui nous détourne de l’Essentiel, ce qui nous enferme dans l’illusion de la séparation. Jésus lui-même traverse cette expérience au désert : ce qui lui est proposé, ce ne sont pas des fautes morales, mais des raccourcis, des illusions de pouvoir, des chemins qui semblent plus faciles mais qui éloignent de la vérité intérieure.Ce récit n’est pas une épreuve extérieure, mais l’expérience de toute personne en chemin. Aller au désert, c’est se retrouver face à soi-même, traverser les illusions et reconnaître ce qui, en nous, cherche encore à se sécuriser dans l’égo. C’est là que l’Essentiel peut se révéler.Les tentations sont souvent subtiles : elles flattent l’égo, elles nous séduisent en nous donnant l’impression de maîtriser, de posséder, d’être reconnu-e-s. Elles promettent un soulagement immédiat, mais elles nous éloignent du vivant.Résister à la tentation, ce n’est pas lutter contre soi, mais voir clair. Ce n’est pas réprimer un désir, mais discerner ce qui est juste. C’est revenir à l’instant présent, là où l’Infini se donne sans condition, là où il n’y a rien à prouver, rien à posséder, rien à conquérir.
  • La terre est ce qui nous porte, ce qui nous ancre dans l’expérience du vivant. Elle est matière et mystère, à la fois humble poussière et matrice fertile d’où tout germe et renaît.Dans la Bible, l’humain est façonné à partir de la terre : "Le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière du sol." (Genèse 2,7). Notre corps est fait de cette matière, mais il est traversé par un souffle. Nous sommes terre animée, poussière habitée par l’Infini.La terre est aussi celle que nous cultivons, qui donne son fruit lorsqu’elle est respectée, mais qui se ferme et devient stérile lorsqu’elle est épuisée. De même, notre être intérieur est un sol : il peut être durci par la peur, encombré par les ronces du mental, ou devenir une terre bonne où la Vie peut germer."Tu es poussière et tu retourneras à la poussière." (Genèse 3,19) – non comme une fatalité, mais comme un rappel d’humilité. Nous venons de la terre et nous y retournerons, mais entre ces deux poussières se joue une traversée : celle d’un enracinement profond, d’une fécondité qui ne vient pas de nous mais qui passe par nous.La terre n’est pas seulement un sol sous nos pieds, elle est une présence vivante, un lieu d’alliance entre l’éphémère et l’éternel. Là où nous nous tenons avec respect, là où nous nous enracinons sans nous attacher, elle devient une terre sainte, un espace habitable pour l’Essentiel.
  • La terre sainte n’est pas un territoire à posséder, ni un lieu sacré en soi. Elle est l’espace où l’Infini se donne à reconnaître, où la Présence se fait tangible.Quand Moïse s’approche du buisson ardent, une voix lui dit : "Retire tes sandales, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte." (Exode 3,5). Ce n’est pas le sol lui-même qui est sacré, mais la manière dont il est habité. La terre sainte est là où nous nous tenons en conscience, dans l’écoute et l’ouverture.Elle ne se limite pas à un lieu géographique. Elle est partout où l’Unité se dévoile, où l’instant devient espace de révélation. C’est la terre intérieure, celle que nous foulons chaque fois que nous nous rendons disponibles à l’Essentiel.La terre sainte n’appartient à personne, elle se découvre dans le regard qui sait voir. Là où nous marchons avec respect, avec présence, avec reconnaissance, la terre devient sacrée, non parce qu’elle est mise à part, mais parce qu’elle est enfin reconnue comme ce qu’elle a toujours été.
  • Thomas est souvent réduit à son doute, mais il est avant tout celui qui cherche à voir de ses propres yeux, à toucher du réel.Quand il dit "Si je ne vois pas... si je ne touche pas..." (Jean 20,25), ce n’est pas un refus de croire, c’est une soif d’expérience. Il ne se satisfait pas de paroles, il veut une rencontre vivante.Et lorsqu’il voit enfin, il est le premier à reconnaître pleinement qui est Jésus : "Mon Seigneur et mon Dieu !" (Jean 20,28). Son doute n’est pas une faiblesse, mais un chemin vers une foi incarnée.Thomas, c’est cette part en nous qui ne peut pas croire sur simple demande, qui a besoin d’éprouver, de sentir, de vérifier. Mais lorsqu’elle est touchée, elle s’ouvre totalement. Son doute n’est pas un obstacle, mais un chemin vers une foi incarnée.
  • Toucher n’est pas seulement un geste physique, c’est un contact direct avec la réalité, une manière d’éprouver profondément ce qui est, sans distance ni abstraction.Dans les Évangiles, une femme malade ose s’approcher de Jésus et toucher son vêtement. Jésus s’arrête et demande : "Qui m’a touché ?" (Luc 8,45). Ce n’est pas le simple contact de la foule qui l’a éveillé, mais un toucher chargé de foi, une ouverture intérieure qui permet à la Vie de circuler.Ignace de Loyola, dans sa spiritualité, parle de l’importance de sentir et goûter les choses intérieurement. Toucher, c’est expérimenter avec tout son être, être atteint-e par ce qui est, sans le filtrer par le mental ou la peur.Là où nous touchons vraiment, nous ne sommes plus spectateur-trice-s, nous sommes impliqué-e-s. Toucher, c’est se laisser toucher, c’est permettre à l’Infini de nous atteindre dans notre chair, dans notre quotidien, dans ce qui est vivant et concret.L’Essentiel ne se pense pas, il se touche. Là où nous osons entrer en contact avec la Vie, sans retenue, sans protection inutile, quelque chose s’ouvre et circule.
  • La transfiguration n’est pas un changement extérieur, mais une révélation de ce qui est déjà là. Sur la montagne, les disciples voient Jésus tel qu’il est, irradiant de lumière (Matthieu 17,2). Ce n’est pas lui qui se transforme, mais leur regard qui s’ouvre à une réalité plus vaste.Dans la Bible, les montagnes sont souvent des lieux de révélation (Sinaï, Horeb, Sion). Monter à la montagne, c’est prendre de la hauteur, sortir des perceptions habituelles, s’élever au-delà du mental pour entrevoir une autre dimension du réel.Mais la transfiguration n’est pas un état à fuir vers le ciel. Lorsque les disciples veulent rester sur la montagne, une voix les rappelle à l’essentiel : "Écoutez-le." (Matthieu 17,5). Puis ils redescendent, transformés, appelés à porter ce regard nouveau dans la vallée, au cœur du quotidien.Nous vivons la transfiguration chaque fois que nous cessons de voir le monde avec les yeux de la peur ou de l’habitude, chaque fois que nous reconnaissons en nous et en l’autre cette lumière qui a toujours été là. Ce n’est pas un événement extérieur, c’est un dévoilement : ce qui était voilé par nos limites s’illumine lorsque nous nous ouvrons à l’Essentiel.
  • Le tremblement de terre est un bouleversement, une secousse qui ébranle ce que l’on croyait stable. Dans la Bible, il accompagne souvent des moments de révélation : lorsque Moïse reçoit la Loi sur le Sinaï (Exode 19,18), à la mort de Jésus (Matthieu 27,51), ou encore lorsque la pierre du tombeau est roulée (Matthieu 28,2).Mais l’Infini ne se confond pas avec la secousse elle-même. Lorsque Élie cherche Dieu, il y a un tremblement de terre, mais l’Infini n’est pas dans le tremblement de terre (1 Rois 19,11). La secousse prépare, elle ébranle ce qui doit tomber, mais ce n’est pas là que la Présence se révèle.Le tremblement de terre, en nous, est ce qui brise nos certitudes, ce qui nous dépouille de nos sécurités illusoires. Il fait peur, car il nous laisse sans repère. Pourtant, il n’est pas une fin en soi : il ouvre une brèche, il crée un espace pour quelque chose de neuf.Là où tout s’écroule, une autre stabilité peut naître. Non celle des structures figées, mais celle d’un ancrage plus profond, qui ne repose plus sur des sécurités extérieures, mais sur une présence intérieure qui ne dépend de rien.
  • Voix intérieure qui surgit lorsque quelque chose en moi prend acte d’une perte, d’une fin, d’un détachement nécessaire.Elle n’est pas un ennemi, ni un état à fuir, mais un passage, une traversée, un seuil entre ce qui était et ce qui cherche à naître.La tristesse m’invite à reconnaître un décalage entre ce que je vis et ce vers quoi mon être profond est tourné.Elle me relie à ce qui est fragile, sensible, précieux.Elle peut être l’expression d’un deuil – non seulement d’un être ou d’une situation, mais aussi de mes attentes, de mes illusions, de ce que je croyais devoir être.Dans une perspective intérieure, elle devient féconde lorsqu’elle est accueillie sans s’y attacher, lorsqu’elle est traversée plutôt qu’alimentée.Alors, elle ouvre à une forme de dépouillement, une vérité nue, une tendresse plus vaste.Elle devient appel vers la Vie, lieu de passage vers un espace intérieur plus vaste, plus libre, plus vrai.Elle se loge souvent dans la poitrine, comme une blessure qui attend d’être entendue.Et lorsque je l’habite avec douceur, elle peut devenir porte de consolation et de transformation.--> voir aussi acédie