Caïn

Caïn est le premier-né de l’humanité biblique, celui qui offre mais ne se sent pas reconnu, celui qui regarde son frère et se consume de jalousie. Il incarne cette part en nous qui compare, qui se sent exclue, qui se ferme au lieu de s’ouvrir.

Lorsque son offrande n’est pas accueillie comme celle d’Abel, Caïn se replie sur lui-même, envahi par l’amertume. Il croit que l’amour est une compétition, que la bénédiction donnée à l’autre lui est retirée. Il ne voit pas qu’il est lui aussi aimé, mais autrement.

« Pourquoi es-tu irrité ? Pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu fais le bien, ne relèveras-tu pas la tête ? » (Genèse 4,6-7). L’Infini ne condamne pas Caïn, il l’invite à voir autrement, à ne pas se laisser enfermer dans son ressentiment.

Mais Caïn ne répond pas à l’appel. Il choisit la violence, croyant pouvoir résoudre son malaise en supprimant son frère. En lui, nous reconnaissons cette part qui projette sa souffrance sur l’autre, qui croit que la solution est extérieure alors qu’elle est intérieure.

Pourtant, même après son acte, Caïn n’est pas abandonné. Une marque lui est donnée, non pour le punir, mais pour le protéger. Il devient un errant, un marcheur, un être en quête. Il nous rappelle que l’exil intérieur n’est jamais une fin en soi, qu’un chemin reste toujours ouvert, même pour celui qui s’est perdu.

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