Le père n’est pas une autorité au-dessus, ni un homme projeté dans le ciel. Il n’est pas celui qu’on craint, qu’on supplie ou qu’on fuit. Ce mot, pourtant si chargé de nos blessures humaines, ne parle pas d’un modèle terrestre idéalisé. Dans la bouche de Jésus, il désigne un état de conscience : celui de la Source qui engendre sans posséder, qui donne l’être sans le retenir.
Dieu n’est pas notre père comme un être serait à l’origine d’un corps, mais comme Celui qui donne notre être lui-même. Dire « Père », ce n’est pas s’adresser à quelqu’un, c’est reconnaître que notre être profond, notre essence spirituelle, est déjà en lien vivant avec cette Source. Elle nous engendre ici et maintenant, non pas par la chair, mais dans l’Esprit. Nous ne sommes pas orphelins ; nous sommes enfants de l’Être.
Cet état de conscience du Père est celui d’un amour sans attente, d’un don sans calcul. Il est la maturité de l’être : quand je cesse de chercher à combler un manque, je deviens moi-même don, transparence, canal du Vivant. Le Père n’est pas un personnage, mais une Présence. Une qualité d’être à laquelle je peux m’ouvrir et que je peux incarner.
Dire Père, c’est se souvenir de cette origine vivante en soi, et s’y relier. C’est habiter le Royaume qui est déjà là. Pas ailleurs, pas plus tard. Maintenant.
« Retour au lexique