L’idolâtrie n’est pas seulement le culte des statues ou des images extérieures. Elle est tout attachement à une forme qui nous empêche d’aller plus loin, tout ce qui fige l’Infini dans le limité.
Nous faisons de l’idolâtrie chaque fois que nous prenons le sensible pour la réalité ultime, le limité pour l’absolu, chaque fois que nous confondons le signe avec ce qu’il désigne. Un mot, une tradition, une croyance, une émotion peuvent devenir des idoles si nous les absolutisons, si nous les prenons pour le but plutôt que pour un passage.
Dans la Bible, les idoles sont dénoncées parce qu’elles enferment : « Ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas. » (Psaume 115,5-6). Ce n’est pas seulement un culte extérieur, c’est une fermeture intérieure, un regard qui s’arrête avant d’aller à la source.
L’idolâtrie est une confusion : elle fige le mouvement, réduit l’Ouvert à une image rassurante. Mais elle peut être dépassée si nous acceptons de traverser le sensible sans nous y arrêter, d’aimer les formes sans les absolutiser, de laisser toute chose être un chemin vers plus vaste.
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