hineinhorchen

Le verbe allemand hineinhorchen souvent utilisé par Etty Hillesum signifie « écouter en soi », tendre l’oreille vers l’intérieur pour percevoir ce qui ne se dit pas dans le bruit du monde. Ce n’est pas une simple introspection psychologique, mais une écoute profonde, une disponibilité à ce qui murmure en nous, au-delà du mental et des agitations.

Dans son journal, Etty Hillesum pratique cette écoute intérieure au cœur même du chaos. Alors que la guerre fait rage, elle choisit de descendre en elle-même, d’y chercher un espace inviolable, un lieu de silence où la Présence peut se révéler :

« Ce puits très profond en moi, et dans lequel parfois je descends, ce puits est aussi Dieu. […] Ce qui compte, c’est d’avoir en soi un morceau de Dieu et de le porter avec soin. »

Pour elle, hineinhorchen n’est pas fuir le réel, mais trouver un ancrage qui permet de traverser l’épreuve sans être englouti-e. Elle ne nie pas la souffrance, elle ne cherche pas à la fuir, mais elle apprend à l’habiter autrement, depuis un espace intérieur où la Vie demeure intacte.

C’est aussi ce que découvre Élie au mont Horeb : l’Infini n’est pas dans la violence des éléments, mais dans « le murmure d’un souffle léger » (1 Rois 19,12). Ce souffle, on ne l’entend que si l’on s’arrête, que si l’on fait silence.

Hineinhorchen, c’est donc cette capacité à descendre en soi pour entendre autrement, à s’ouvrir à un silence qui n’est pas vide, mais habité. C’est dans cette écoute intérieure que se révèle une présence plus vaste, qui ne protège pas du tragique, mais qui permet de le traverser sans perdre le lien avec l’Essentiel.

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