Le bouc, dans la tradition biblique, n’est pas seulement un animal : il devient symbole du transfert, du rejet, de ce que la communauté ne veut plus porter. Dans le rituel du bouc émissaire (Lévitique 16), il est chargé des fautes du peuple et envoyé au désert, loin de tous.
Le bouc représente ainsi la part de nous que nous préférons exiler, celle que nous désignons comme coupable, que nous sacrifions pour préserver une image de nous-mêmes. Il est le reflet de nos projections, de nos ombres rejetées.
Mais ce rejet n’est pas une guérison. Tant que le bouc est dehors, l’unité intérieure n’est pas encore accomplie. En nous, le bouc est cette figure des parts blessées, indésirables ou incomprises, qui attendent d’être reconnues, intégrées, transfigurées.
Loin d’être ennemi, le bouc devient messager : il montre ce que nous avons à accueillir pour devenir vraiment un. Il nous invite à cesser de chercher un coupable et à laisser la lumière descendre jusque dans nos zones d’exil.
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