Abel

Abel est le frère silencieux de Caïn, celui dont le nom signifie souffle, vapeur (Hevel en hébreu), comme une existence fragile, éphémère. Il est celui qui donne sans retenir, qui offre sans chercher à posséder.

Son offrande est accueillie, non parce qu’elle est meilleure en apparence, mais parce qu’elle est donnée dans la transparence du cœur, sans calcul ni attente de retour. Il incarne cette part en nous qui sait que tout est don, que rien ne nous appartient vraiment, que la vraie offrande est un lâcher-prise.

Abel est aussi celui qui subit la violence de son frère Caïn sans riposter, celui qui tombe sans se défendre. Il représente cette part vulnérable en nous, cette innocence qui ne lutte pas contre l’égo blessé, mais qui parfois est sacrifiée sur l’autel de la comparaison et du ressentiment.

Mais Abel ne disparaît pas totalement. Sa voix continue de résonner : « Le sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi. » (Genèse 4,10). Il est la mémoire vivante de ce qui a été brisé, de ce qui attend d’être réconcilié.

Il nous rappelle que l’offrande véritable ne se mesure pas à ce qui est visible, mais à l’intention qui l’anime. Il est l’invitation à donner librement, à exister sans chercher à s’imposer, à reconnaître que la vie elle-même est un souffle offert.

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