L’ego n’est pas un ennemi à éliminer ni un fardeau à porter. Il est une construction, un rôle, une interface qui nous permet d’exister dans le monde. Il se façonne à travers nos expériences, nos blessures, nos conditionnements, nos attachements.
Mais l’ego n’est pas ce que nous sommes. Il est une histoire que nous nous racontons sur nous-mêmes, une image que nous défendons, un filtre entre nous et la réalité. Lorsqu’il se prend pour le centre, il se crispe, il veut maîtriser, il résiste au mouvement de la Vie.
Dans la Bible, il est souvent figuré par le « vieil homme » dont parle Paul (Éphésiens 4,22), celui qui s’identifie à l’illusion d’un moi séparé. Mais Jésus invite à un autre regard : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perd à cause de Moi [Je-suis] la trouvera. » (Matthieu 16,25). Perdre l’ego, ce n’est pas disparaître, c’est cesser de s’y accrocher comme à une identité fixe.
L’ego n’a pas à être détruit, mais traversé, pacifié, remis à sa juste place. Lorsqu’il cesse de dominer, il devient un simple outil, un repère au service de l’Être. Alors, ce qui demeure n’est plus un moi crispé, mais un espace ouvert où l’Infini peut respirer en nous.
NB : Lorsque Jésus dit « Moi, Je suis » (du grec ego eimi), il ne parle pas de l’ego dont il est question ici. Il ne s’agit pas d’un « moi » enfermé dans un personnage ou une identité sociale, mais du Je de « Je-suis », l’Être vivant, libre de toute identification limitée.
–> voir aussi Je-suis
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