don

Un don n’est pas d’abord ce qu’on donne à quelqu’un. Ce n’est pas un objet à offrir, ni un talent à mettre en avant, ni une dette à rendre. Le don, vu de l’intérieur, n’est pas un acte à produire, mais un mouvement qui précède toute intention. Il ne commence pas avec nous.

Le don véritable naît d’un trop-plein, d’un trop-vivant. Il ne cherche ni récompense, ni reconnaissance, ni efficacité. Il surgit quand quelque chose en nous s’ouvre, se laisse traverser, se rend disponible. Ce n’est pas nous qui donnons, c’est la Vie qui circule à travers nous, et cela prend parfois la forme d’un geste, d’un regard, d’un silence, d’un simple « je suis là ». Le don le plus pur ne sait même pas qu’il donne.

Dans une perspective non-duelle, il n’y a plus « celui qui donne » et « celui qui reçoit », mais un seul courant, une seule circulation. Donner, c’est laisser passer ce qui ne nous appartient pas. C’est reconnaître que tout est déjà don — la respiration, la lumière, l’instant — et que nous ne faisons que prolonger ce flux. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1 Corinthiens 4,7). Cette parole nous remet à notre juste place : tout est grâce, tout est donné.

Et recevoir, loin d’être passif, devient alors une autre manière de donner. Il faut une vraie ouverture, parfois même du courage, pour accueillir pleinement ce qui vient, pour laisser l’amour entrer ou pour se laisser toucher. Recevoir, c’est faire confiance à l’élan de l’autre sans se crisper, sans se défendre. On peut faire le cadeau de recevoir : en accueillant pleinement ce qui nous est offert, on permet au don d’exister, de s’accomplir. On donne alors à l’autre la joie de donner, et à la Vie son propre mouvement de circulation.

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