Le Vendredi saint n’est pas d’abord un jour de souffrance et de mort. Il est un jour de dépouillement, où tout ce à quoi nous nous accrochions disparaît.
Sur la croix, Jésus lâche tout. Il ne cherche plus à convaincre, il ne se défend pas, il n’a plus rien à prouver. Il entre dans un abandon total : « Entre tes mains, je remets mon souffle. » Ce n’est pas un sacrifice exigé, c’est un passage, une traversée.
Mais il y a aussi ce cri : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27,46). Ce n’est pas seulement un cri de douleur, c’est l’Infini lui-même qui rejoint tous ceux et celles qui se sentent abandonné-e-s, perdu-e-s, même de Lui. C’est l’expérience de la nuit, où toute présence semble s’effacer, où l’absence devient abyssale.
Désormais, il n’y a plus de lieu où l’Infini ne soit pas. Il est allé jusqu’au plus bas, jusqu’au plus déserté. Le Vendredi saint nous dit que même dans l’ombre la plus profonde, même dans le silence le plus écrasant, la Présence est encore là, cachée, mais vivante.
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