Le numineux (du latin numen, « présence divine ») désigne l’expérience d’une réalité qui nous dépasse, une rencontre avec l’Infini qui à la fois attire et bouleverse. Ce n’est pas un concept que l’on peut saisir ni une émotion que l’on peut provoquer, mais un vécu qui ébranle et révèle à la fois.
Jean-Yves Leloup montre que, selon les traditions, le numineux se dit différemment :
- Pour les Sémites, il est le « Non-Même », le « Non-Pareil », le Tout Autre, insaisissable, irréductible à toute pensée.
- Pour les Grecs, il est le Même, l’Unique qui se manifeste dans le multiple, l’Un précisément ici.
Mais ces deux approches ne s’opposent pas : le numineux est le Tout Autre, précisément ici, une transcendance irréductible qui se donne dans une immanence inévitable. Graf Dürckheim parlait de « transcendance immanente ».
Il surgit là où les opposés se rencontrent, là où l’on touche une réalité qui n’est ni une simple somme ni un mélange, mais un troisième terme qui les contient tous deux. Comme le cercle du Tao contient le blanc et le noir, le numineux inclut la plénitude et le manque, la lumière et l’ombre, l’attraction et la crainte.
Il ne donne pas de réponse, il ouvre un espace. Il ne se comprend pas, il se vit, dans l’instant où toute séparation s’efface et où l’Insaisissable se laisse pressentir.
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