Esaü

Ésaü est celui qui vit dans l’instant, dans le feu de la vie immédiate, l’homme du dehors, du mouvement spontané, du désir immédiat. Son nom signifie peut-être « velu » ou « accompli », et il est décrit comme un homme robuste, chasseur, à l’aise dans la nature (Genèse 25,27).

Mais Ésaü est aussi celui qui échange son droit d’aînesse contre un plat de lentilles (Genèse 25,29-34). Il suit son élan du moment sans en mesurer les conséquences, vivant dans l’instant sans toujours voir plus loin.

Face à lui, Jacob est le calculateur, celui qui anticipe, qui planifie, qui cherche à saisir ce qui lui échappe. Ésaü, lui, ne retient rien. Il incarne le corps, la sensation, l’élan vital, mais aussi le risque de se perdre dans l’instant sans conscience plus large.

Cependant, il n’est pas enfermé dans ce rôle. Lorsqu’il retrouve Jacob après des années de séparation, il ne cherche pas la vengeance, mais l’étreinte et la réconciliation (Genèse 33,4). Ésaü est l’élan du vivant, l’intensité qui, lorsqu’elle s’ouvre à plus vaste, devient force de réconciliation plutôt que simple instinct.

En nous, Ésaü est cette part – si précieuse ! – qui goûte la vie sans retenue, qui ressent avant de penser, qui agit avant d’anticiper. Non à rejeter, mais à intégrer, pour que l’élan et la vision marchent ensemble, que la spontanéité s’unifie à la conscience.

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