L’appartenance est différente de la reliance. Elle naît du moi, de ce besoin légitime d’être reconnu, aimé, intégré à un « nous ». Elle correspond à notre dimension psychique et sociale : nous avons besoin de sentir que nous faisons partie d’un groupe, d’un lieu, d’une histoire. Mais cette appartenance procède de l’ego : elle dépend du regard des autres, des codes partagés, des limites du dedans et du dehors. Pour cette raison, elle reste toujours fragile — ce qui est donné peut être retiré, ce qui unit peut aussi exclure.
Quand elle devient fin en soi, l’appartenance enferme : elle fait craindre la différence, rejeter l’altérité, se définir contre ceux et celles qui n’en font pas partie. Mais lorsqu’elle s’enracine dans la reliance, elle se transforme : elle n’est plus défense d’un territoire, mais expression d’une communion. Elle devient passage entre le moi et le Je-suis, entre le besoin d’être accueilli et la conscience d’être déjà uni·e à la Source.
Yeshoua l’évoque lorsqu’il regarde celles et ceux assis en cercle autour de lui et dit : « Voici ma mère et mes frères ; quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère » (Marc 3,34-35). Il ne nie pas l’appartenance humaine ; il la déplace : de l’identité sociale vers une filiation intérieure, de la peur de perdre sa place vers la confiance d’être déjà relié·e à l’Essentiel.
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