Dans les Évangiles, le mot « miracle » n’existe pas en tant que tel : on y parle de signe (semeion), de puissance (dynamis) ou d’œuvre (ergon). Ces termes grecs ne désignent pas une entorse aux lois du monde, mais une manifestation de la Vie dans toute sa profondeur. Le signe ne vient pas d’ailleurs, il révèle ce qui est déjà là. Il n’impose pas la foi, il ouvre les yeux de celles et ceux qui regardent autrement. Le miracle n’est pas un événement extraordinaire qui surgirait du dehors alors que nous n’y sommes pour rien. Ce que nous appelons miracle n’est donc pas une intervention soudaine et arbitraire de l’Au-delà, mais un dévoilement de la réalité quand elle est vue depuis la Source.
Dans une lecture non-duelle, le miracle est un événement de conscience : il advient quand quelque chose en nous consent à s’ouvrir, à s’accorder à la Vie qui agit déjà. Les vents apaisés parlent de nos tempêtes intérieures, lorsque les parts de nous-mêmes cessent de s’affronter ; les pains partagés sont la nourriture donnée à chacune pour qu’elle trouve sa juste place. Rien n’est imposé de l’extérieur : c’est une rencontre entre la Puissance qui traverse tout et la disponibilité de l’humain. C’est pourquoi Jésus dit souvent : « Ta foi t’a sauvé. » Ce n’est pas une récompense, mais la reconnaissance d’un mouvement intérieur qui rend possible le passage. Le miracle n’arrive pas sans nous : il se révèle à travers nous, quand la peur se relâche, que le cœur s’ouvre et que l’Unité respire à nouveau dans le visible.
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