Quand la lumière semble s’être éteinte

Avoir vu… et ne plus voir

Dans le récit biblique de Noël, les mages ont vu une étoile se lever à l’horizon, et cela les a mis en route. Ils ont suivi cette lumière, sûrs de leur direction. Mais à un moment, elle a disparu. Ils ont dû avancer sans repère, chercher autrement, tâtonner dans l’incertitude.

Nous avons peut-être déjà vécu cela. Il y a des moments où tout est clair : une évidence nous traverse, nous sentons un élan, une direction, une lumière qui éclaire notre chemin. Et puis, un jour, sans qu’on sache pourquoi, cela disparaît. L’élan s’essouffle, le chemin se brouille. On voudrait retrouver cette clarté, mais elle semble inaccessible.

Que faire quand on ne voit plus ce qui nous animait autrefois ? Quand ce qui donnait sens et direction semble s’être éteint ? Quand on ne sait plus comment avancer et qu’une part de nous trouve que c’est trop loin, trop dur, trop incertain ?

L’absence de repères

Il arrive que la vie nous plonge dans un désert intérieur. Un espace où les certitudes se dissolvent, où tout paraît flou. Là où, hier encore, il y avait un chemin, il n’y a plus qu’un brouillard épais.

Cette expérience peut être déstabilisante. On a tendance à vouloir s’accrocher aux repères d’avant, à chercher des signes extérieurs, à retrouver ce qui nous rassurait autrefois. Mais souvent, rien ne vient. Il n’y a pas de carte, pas d’indication claire, pas de lumière évidente pour nous guider.

On pourrait croire que l’on s’est trompé, que l’on a rêvé. Pourtant, au fond de nous, quelque chose sait. Quelque chose se souvient. Il y a eu une étoile, une direction, une source vivante. Mais aujourd’hui, elle semble hors d’atteinte.

Pourquoi la lumière semble-t-elle absente ?

Quand nous avons l’impression d’avoir perdu notre chemin, plusieurs choses peuvent être en jeu.

1. Le manque d’espace intérieur

Peut-être que notre attention est trop dispersée. Pris dans l’agitation du quotidien, absorbés par les urgences, nous ne prenons plus le temps d’écouter, de regarder, d’être là. Comme un ciel trop chargé de nuages, notre esprit est encombré.

Or, voir demande du silence. Sentir une direction exige de l’espace. Retrouver un souffle intérieur ne se fait pas dans la précipitation, mais dans une présence patiente, une écoute fine de ce qui vit en nous.

2. Une blessure qui obscurcit tout

Parfois, ce qui bloque l’accès à la lumière, c’est une douleur non reconnue. Un deuil, une fatigue profonde, une peur, une blessure ancienne qui prend toute la place. Tant que cette part blessée en nous n’est pas écoutée, elle fait écran.

C’est comme un nœud dans notre être qui nous empêche d’avancer. Et tant qu’on essaie de le contourner au lieu de le regarder en face, rien ne bouge. Prendre soin de cette part en souffrance, lui offrir un espace d’accueil et de douceur, est souvent une étape essentielle avant de pouvoir retrouver une clarté intérieure.

3. Un refus inconscient

Il arrive aussi qu’une part de nous-même résiste. Une part qui, au fond, ne veut pas avancer. Parce qu’elle a peur. Parce qu’elle doute. Parce qu’elle est fatiguée de chercher.

Cette part peut être ancienne. Peut-être qu’elle n’a jamais vraiment voulu être ici, qu’elle trouve cette vie trop rude, trop limitée. Peut-être qu’elle a touché quelque chose d’infini un jour et qu’elle ne supporte pas d’avoir dû redescendre.

Lui donner la parole, la laisser s’exprimer sans la juger, peut déjà ouvrir un espace de réconciliation.

4. Des croyances qui nous enferment

Parfois, ce ne sont pas des blessures ni des résistances, mais simplement des idées auxquelles nous nous sommes attachés. Des croyances sur nous-mêmes, sur la vie, sur l’Essentiel.

« Ce n’est pas pour moi. »
« Je n’ai pas la force d’aller plus loin. »
« Si je ne ressens plus rien, c’est que je me suis trompé. »
« Tout cela n’était qu’une illusion. »

Ces pensées, répétées en boucle, finissent par façonner notre réalité. Comme les mages qui, ayant perdu leur étoile, ont cherché des repères auprès du pouvoir en place, nous avons parfois tendance à nous appuyer sur des références extérieures qui nous éloignent de notre propre intuition.

Quand il n’y a plus d’étoile

Alors, comment avancer quand nous ne voyons plus la lumière ?

La première chose est peut-être d’accepter l’absence. De ne pas chercher à forcer le retour de la clarté, mais d’accueillir ce qui est là, même si ce qui est là nous semble vide ou opaque.

La lumière ne disparaît jamais vraiment. Elle se voile parfois. Elle se cache dans l’ordinaire, dans les gestes simples, dans une parole, dans une rencontre, dans un silence.

Parfois, elle revient par des chemins inattendus. Un détail anodin, une émotion, un souvenir qui refait surface… Une ouverture, petite mais suffisante, pour nous remettre en route.

Les mages, dans leur quête, ont fini par retrouver leur étoile. Elle n’était pas perdue, seulement invisible pendant un temps.

Nous aussi, nous pouvons retrouver notre lumière. Pas en la cherchant désespérément, mais en nous rendant disponibles à ce qui, un jour ou l’autre, viendra à nouveau nous éclairer.

Et en attendant, continuer d’avancer, même dans l’incertitude. Pas à pas, en confiance.

Nils Phildius, 8 janvier 2024


Pour aller plus loin, vous pouvez regarder la vidéo de l’Heure bleu ciel sur ce thème