Dépasser mon besoin d’avoir raison

Nous avons souvent l’impression qu’avoir raison est essentiel. Que cela garantit notre place, notre reconnaissance, notre sécurité. Mais si ce besoin cachait en réalité une fragilité plus profonde ? Si vouloir à tout prix prouver notre justesse nous enfermait dans une posture rigide, nous coupant du vivant et du lien authentique ?

Une histoire de sagesse

L’histoire du jugement de Salomon nous invite à une autre façon d’être. Deux femmes viennent devant le roi, réclamant chacune être la mère d’un même enfant. Une impasse. Comment savoir qui dit vrai ?

Salomon propose une solution extrême : couper l’enfant en deux. Une femme accepte. L’autre supplie qu’on le laisse à son adversaire plutôt que de le voir mourir. Dans ce cri, Salomon reconnaît la véritable mère : celle qui renonce à son droit pour préserver la vie.

Cette histoire illustre un passage essentiel : dépasser le conflit pour laisser place à une vérité plus vaste. Ce n’est pas l’argumentation qui révèle la réalité, mais l’écoute du cœur, l’endroit où l’amour précède le jugement.

Un tribunal intérieur

Nous vivons souvent nos relations comme des tribunaux. Nous jugeons, nous pesons, nous cherchons à avoir raison. Comme si notre identité était en jeu. Comme si notre sécurité reposait sur la validation de notre point de vue.

Or, derrière ce besoin de justesse se cachent souvent des blessures profondes : peur de l’injustice, crainte de ne pas être entendu, souffrance d’être nié. Tant que nous restons dans la dualité du « j’ai raison, tu as tort », nous nourrissons la division intérieure et extérieure.

Quitter le besoin d’avoir raison

  • Observer son propre tribunal : Quand ressens-tu ce besoin d’avoir raison ? Quelles émotions montent alors ? Peur, colère, frustration ? Qui parle en toi ?
  • Ressentir plutôt que débattre : Plutôt que de réagir immédiatement, prendre un instant. Sentir ce qui se joue en soi. Se donner l’espace d’accueillir les tensions avant de vouloir les résoudre.
  • Écouter avec le cœur : L’autre n’est pas un adversaire à convaincre mais un être qui exprime sa propre expérience. Derriere chaque point de vue, il y a une histoire, une souffrance, un besoin.
  • Choisir le lien plutôt que le verdict : Parfois, ce qui importe n’est pas qui a raison, mais comment nous restons en relation malgré nos différences. L’écoute profonde permet d’aller au-delà du conflit et de toucher l’humanité commune.

Une sagesse qui éveille

Dans l’histoire de Salomon, c’est l’épée qui fait basculer la scène : en poussant la logique du jugement à son paroxysme, elle révèle l’absurdité du conflit. Le cri de la mère nous ramène à l’essentiel : l’amour est plus grand que la raison.

Et si nous laissions ce cri nous traverser ? Et si nous acceptions de ne pas toujours savoir, de ne pas toujours convaincre, mais simplement d’être présents, reliés, à l’écoute de ce qui vit en nous et en l’autre ?

Peut-être alors découvrirons-nous une autre manière d’être en relation, où l’essentiel n’est plus d’avoir raison, mais d’aimer et d’être véritablement en lien.

Nils Phildius, 7 octobre 2024