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Retrouver l’espace du silence et de la Présence
Nous vivons dans un monde où l’attention est sans cesse sollicitée, dispersée, happée par un flux d’informations, de notifications, d’écrans et d’interactions numériques. S’arrêter. Respirer. Se déposer dans l’instant. Nous sentons parfois cet appel, mais il semble difficile d’y répondre.
Un jeûne technologique est une manière d’ouvrir un espace, de retrouver une forme de sobriété intérieure et de redécouvrir le goût du silence, de la présence et de la relation véritable.
Pourquoi faire un jeûne technologique ?
Loin d’être une privation, il s’agit d’un retour à l’essentiel. Nous nous immergeons si profondément dans la technologie qu’elle devient comme une seconde peau, nous façonnant dans un mouvement d’accélération continue. Un temps de retrait nous permet :
- De retrouver une présence plus incarnée : à soi, aux autres, à la nature, à l’instant.
- D’apaiser l’agitation intérieure en réduisant les stimulations constantes.
- D’écouter ce qui émerge en nous lorsque nous ne sommes plus distraits.
- De retrouver le goût des rencontres réelles, sans l’intermédiaire d’un écran.
- D’expérimenter un silence habité, plutôt qu’un vide à combler.
Etty Hillesum parlait de hineinhorchen, l’écoute intérieure, cette capacité à se tourner vers l’intérieur avec attention et profondeur. Elle écrivait dans son journal :
« Ce que l’on doit conquérir, c’est une paix intérieure, une grande paix intérieure qui ne dépend de rien du dehors. On peut s’entraîner à écouter en soi-même. Il faut sans cesse se juger soi-même avec indulgence et humilité. Mais avec amour. Écouter au-dedans. »
Un jeûne technologique est une façon de pratiquer cet art de l’écoute intérieure, en créant les conditions favorables à cette attention profonde.
Comment entrer dans cette démarche ?
Un jeûne technologique peut prendre différentes formes. Il n’y a pas de règle unique, mais un engagement personnel à s’offrir un temps de respiration. Voici quelques pistes :
1. Définir une durée
- Un jour par semaine (ex. : un dimanche sans écrans).
- Une période spécifique (ex. : trois jours de silence numérique lors d’une retraite).
- Une soirée par jour sans téléphone, ordinateur ni télévision.
2. Délimiter le cadre
- Éteindre le téléphone, l’ordinateur, la tablette et la télévision.
- Supprimer les notifications et éviter les réseaux sociaux.
- Se donner la liberté de ne pas répondre immédiatement aux sollicitations.
3. Laisser émerger ce qui est
Le but n’est pas tant de « ne pas utiliser » la technologie que de laisser émerger autre chose :
- S’immerger dans la nature : marcher, écouter le vent, sentir la terre sous ses pieds.
- Lire un livre papier : retrouver le contact avec des mots qui prennent le temps d’exister.
- Écrire à la main : laisser émerger ce qui se dit sans écran ni correcteur automatique.
- Méditer, prier, chanter : revenir à l’espace du cœur.
- Partager un moment avec quelqu’un, sans interruption digitale.
Accueillir ce qui se passe
L’absence de technologie peut d’abord créer un inconfort. L’esprit cherche à remplir le vide, à capter une information, à vérifier un message. Cette agitation est naturelle. Elle révèle l’espace que la technologie a pris en nous. Observer cela sans jugement fait partie du processus.
Puis, progressivement, un autre rythme s’installe. Une qualité de présence apparaît. La relation aux choses, aux êtres, aux sons et aux sensations se fait plus fine. On goûte à un silence qui n’est plus absence, mais plénitude.
Un retour différent
Après un temps de jeûne, la reprise de la technologie peut être l’occasion d’un regard neuf :
- Quels usages sont vraiment essentiels ?
- Qu’est-ce que je choisis de nourrir en moi ?
- Comment garder une forme de sobriété numérique au quotidien ?
Un jeûne technologique n’est pas un renoncement définitif, mais une manière de remettre la technologie à sa juste place : un outil, et non un maître. C’est une invitation à une relation plus libre, plus consciente, plus alignée avec ce qui compte vraiment.