Pâques – La résurrection comme ouverture de la conscience

42 Le soir étant venu – c’était le jour de la préparation, veille du sabbat43 arriva Joseph d’Arimathie, membre éminent du Conseil, qui attendait lui aussi le Royaume de l’Essentiel. Il osa se rendre auprès de Pilate pour demander le corps de Jésus.
44 Pilate s’étonna qu’il soit déjà mort ; il fit appeler le centurion pour savoir s’il était mort depuis longtemps. 45 Informé par le centurion, il remit le corps à Joseph. 46 Celui-ci acheta un linceul, descendit le corps de la croix, l’enveloppa dans le linceul, et le déposa dans un tombeau taillé dans le roc. Puis il roula une pierre à l’entrée du tombeau. 47 Marie de Magdala et Marie mère de José observaient où il était déposé.

16,1 Lorsque le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie mère de Jacques et Salomé achetèrent des aromates pour aller embaumer Jésus.
2 De grand matin, le premier jour de la semaine, elles viennent au tombeau, le soleil s’étant levé.
3 Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre de l’entrée du tombeau ? »
4 Levant les yeux, elles voient que la pierre, pourtant très grande, a été roulée.
5 Entrées dans le tombeau, elles virent un jeune homme assis à droite, vêtu d’une robe blanche. Elles furent saisies de stupeur.
6 Il leur dit :
« Ne soyez pas effrayées. Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié : il est ressuscité, il n’est pas ici. Voici le lieu où on l’avait mis.
7 Mais allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée. Là, vous le verrez, comme il vous l’a dit.” »
8 Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, car la peur et un grand saisissement les tenaient. Et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur…

Marc 15, 42 – 16, 8

Et si la résurrection n’était pas un événement spectaculaire à croire, mais une ouverture intérieure à vivre ? Non pas un retour à la vie d’avant, mais une naissance à une autre conscience – plus vaste, plus libre, plus reliée. Le récit de l’Évangile de Marc ne raconte pas une apparition glorieuse, mais un tombeau vide, une parole discrète, un grand silence. Et si ce silence était justement le seuil d’un basculement ?

Joseph d’Arimathée ose poser un geste de tendresse envers ce qui semble mort. Les femmes viennent par amour, non par espoir de miracle. Elles se heurtent à la question humaine : « Qui nous roulera la pierre ? » Mais la pierre est déjà roulée. Le Vivant ne se trouve plus là où on l’attendait.

« Il vous précède en Galilée » : c’est là, dans le quotidien, que la rencontre est possible. Galilée devient le symbole de la vie ordinaire revisitée, éclairée par une conscience transformée. Ce que la résurrection ouvre, ce n’est pas une explication, mais une manière neuve d’habiter le monde. Elle traverse nos blessures, elle transfigure nos morts, elle élargit notre regard.

Les femmes s’enfuient en silence. Elles ne disent rien, saisies. Ce n’est pas un refus, c’est l’expérience de ce qui dépasse les mots. Le silence devient matrice d’une vie nouvelle. Une vie née d’un retournement intérieur. Christian Bobin écrit : « La résurrection, ce n’est pas quelqu’un qui se relève en fanfare. C’est une lumière qui entre dans la chambre sans ouvrir la porte. »

« L’aube, c’est ce moment qui ne dit rien, mais qui change tout. On croit que rien ne se passe. Et pourtant tout commence. L’invisible pousse la porte, doucement, sans un mot. » – Christian Bobin

« Ce qui vient vraiment, vient sans faire de bruit. C’est à cela qu’on reconnaît l’essentiel. Il n’éclaire pas d’un seul coup. Il fait lever en nous une clarté plus vaste que le jour. » – Christian Bobin

La résurrection ne s’impose pas. Elle ne se prouve pas. Elle se laisse deviner. Elle nous précède toujours, dans l’ordinaire, dans la relation, dans les gestes de l’amour. Et peut-être qu’il suffit, en ce matin de Pâques, de faire un pas. Un pas vers une conscience plus vaste. Une vie plus libre. Une lumière plus douce.


Ce texte fait partie d’un chemin pour la semaine de Pâques.
Un texte par jour, comme une invitation à l’écoute intérieure, à l’éveil du Je-suis, à partir des récits bibliques relus dans une perspective non-duelle.

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