La spiritualité de l’enfant : un souffle pour notre propre chemin intérieur

L’enfant, un être spontanément relié

Les enfants sont-ils plus compétents que les adultes dans le domaine spirituel ? La question peut surprendre, mais elle touche à une réalité que beaucoup d’adultes redécouvrent à travers leur propre quête intérieure : l’enfance est un âge de l’émerveillement, de la présence immédiate, du mystère pleinement vécu.

Hors de tout cadre religieux, l’enfant possède une capacité naturelle à se relier à la transcendance, qu’on l’appelle Souffle, Présence ou Infini. Son regard neuf sur le monde, sa spontanéité et son imagination lui permettent d’être en contact avec une forme de spiritualité intuitive, libre des cadres et des dogmes. Il n’a pas besoin d’explication : il perçoit, ressent, goûte l’instant dans toute sa profondeur. L’adulte, en grandissant, se charge de connaissances, d’habitudes, de préoccupations qui, peu à peu, voilent cette ouverture première. Pourtant, il n’a pas perdu cette capacité, seulement oublié comment s’y connecter.

Les qualités spirituelles de l’enfance

Caroline Baertschi-Lopez, dans son ouvrage « Reconnaître le Souffle de l’enfant, Favoriser son développement spirituel » (Ed. St-Augustin, 2025) explore cette spiritualité propre à l’enfance à travers l’acrostiche E-S-P-R-I-T :

  • E pour émerveillement
  • S pour sens
  • P pour présent
  • R pour relation et rire
  • I pour imagination et imaginaire
  • T pour transcendance

Ces éléments nous rappellent à quel point l’enfant vit la spiritualité comme une expérience incarnée, immédiate et joyeuse. L’émerveillement, par exemple, n’est pas un simple sentiment passager : il est une disposition à reconnaître la profondeur de ce qui est, à accueillir le mystère sans chercher à le résoudre. De même, la capacité des enfants à être pleinement présents leur permet d’habiter l’instant avec une intensité que les adultes peinent souvent à retrouver.

Redécouvrir l’enfant intérieur

Comment, alors, laisser cette spiritualité de l’enfance nourrir notre propre chemin ? Il ne s’agit pas tant de vouloir redevenir des enfants, mais plutôt d’accueillir en nous ce que l’enfant sait déjà intuitivement. Se reconnecter à l’émerveillement, redécouvrir l’imaginaire non comme un jeu naïf mais comme une voie d’exploration intérieure, retrouver le goût de la relation simple et sincère… Autant de portes qui nous ouvrent à une spiritualité plus vivante et incarnée.

Mais plus encore, il s’agit d’accueillir en nous cet enfant intérieur qui sait déjà ce que nous cherchons avec tant d’efforts. Cet enfant que nous avons été et qui continue de vivre en nous, bien qu’étouffé par les exigences de la vie adulte, sait mieux que nous comment entrer en relation avec le mystère. Il sait prier sans mots, ressentir sans analyser, faire confiance sans craindre. Il n’a pas besoin de certitudes ni d’explications : il se laisse traverser par le Souffle et s’y abandonne avec simplicité.

À la Maison bleu ciel : expérimenter plutôt que conceptualiser

À la Maison bleu ciel, cette posture intérieure est essentielle. Nous ne cherchons pas à accumuler du savoir sur la spiritualité, mais à en faire l’expérience, à retrouver en nous cet espace vivant où le Souffle se manifeste. L’enfant en nous ne demande qu’à être écouté : il est déjà relié, il perçoit déjà l’essentiel. L’invitation est donc de lui faire confiance, de se laisser guider par lui au lieu de vouloir le contraindre dans des cadres trop rigides.

Trop souvent, en grandissant, nous avons appris à taire cette voix intérieure, à considérer notre intuition comme un manque de rigueur, à préférer les concepts aux expériences. Or, réapprendre à écouter cet enfant en nous, c’est renouer avec une sagesse plus profonde que notre intellect. C’est accepter de ne pas tout comprendre et pourtant avancer dans la confiance. C’est retrouver la spontanéité de la prière libre, du silence habité, du dialogue intérieur avec ce qui nous dépasse.

Apprendre des enfants pour mieux les accompagner

L’accompagnement des enfants sur ce chemin, comme le souligne l’autrice, ne devrait pas être une direction imposée, mais une présence bienveillante, une écoute attentive à leur propre sagesse. Car en vérité, nous avons autant à apprendre d’eux qu’ils peuvent apprendre de nous. Loin d’être une simple étape transitoire vers une spiritualité adulte plus aboutie, leur approche de la vie spirituelle nous rappelle ce que nous avons parfois laissé de côté : la joie du mystère, la confiance dans le non-savoir, la rencontre avec une Présence intime qui ne demande qu’à être accueillie.

Un chemin de réouverture intérieure

Ainsi, redécouvrir la spiritualité de l’enfant, c’est peut-être renouer avec une part essentielle de nous-mêmes, une part qui n’a jamais disparu mais qui attend simplement d’être reconnue et réveillée. C’est entendre en nous cette voix discrète, mais persistante, qui nous invite à nous abandonner au Souffle, non pas avec nos certitudes et nos analyses, mais avec le cœur ouvert et émerveillé de l’enfant que nous n’avons jamais cessé d’être. C’est aussi, à travers des espaces comme la Maison bleu ciel, s’accorder du temps pour cultiver cette posture, en osant la simplicité, la présence et l’accueil de ce qui est là, sans vouloir le figer dans des concepts.

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