Cheminer pas à pas vers l’enfantement

Entre terre et ciel

Nous sommes des êtres à la croisée de deux réalités : enracinés dans la terre et ouverts au ciel, pris dans le temps et porteurs de l’éternité. Tout en étant déjà nés à l’infini, nous sommes encore en train de naître. Ce chemin d’enfantement intérieur est un processus vivant, fait de résistances et d’ouvertures, de doutes et de jaillissements.

Résistances et ouverture

Il y a en nous des parts qui se cramponnent à nos repères habituels, à nos croyances limitantes, à cette peur du lâcher-prise. Et il y a aussi ces espaces plus vastes, ces instants où quelque chose en nous dit « oui » à la vie, à la lumière, à la Présence. Comment avancer sur ce chemin ? Comment laisser grandir en nous cette conscience de l’éternité qui est déjà là ?

L’enfantement intérieur

Dans la tradition chrétienne, on parle de porter en soi le Christ, non pas comme une figure extérieure, mais comme ce que nous sommes appelés à devenir. L’apôtre Paul exprimait cela en disant : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. » Il s’agit de laisser ce plus grand que soi prendre toute la place, non par contrainte, mais dans une confiance grandissante.

Durant le temps de l’Avent, cette dynamique est souvent évoquée avec l’image de la grossesse et de la gestation. Nous sommes toutes et tous appelés à porter en nous un germe de vie nouvelle, un enfantement intérieur. Ce n’est pas un concept lointain ou abstrait, c’est une réalité très concrète : quelque chose cherche à naître en nous, à se déployer dans notre quotidien.

Accueillir le silence

Mais comme toute naissance, cela demande un chemin, une disponibilité, un apprentissage du silence. Un espace où notre mental cède la place à une écoute plus profonde. Car l’éternité est là, présente en nous depuis toujours, mais nos profondeurs doivent s’en rappeler.

Cette année, pourquoi ne pas choisir une croyance limitante, une part de nous qui résiste à ce mouvement d’ouverture ? Non pour la combattre ou la juger, mais pour l’amener avec bienveillance dans cet espace intérieur où l’infini peut prendre racine. Il ne s’agit pas de forcer quoi que ce soit, mais d’entrer dans un consentement, un accueil confiant.

Une figure d’accueil : Marie

Pour nous accompagner sur ce chemin, il y a cette figure singulière, souvent recouverte de représentations figées : Marie. Au-delà des dogmes et des images idéalisées, son histoire nous révèle un chemin de dépouillement, d’ouverture et d’accueil. Marie, c’est ce qui en nous est capable d’écouter une voix venue d’ailleurs, de faire silence pour entendre l’inattendu, de dire « oui » à ce qui dépasse notre compréhension.

Les étapes de l’Annonciation

Dans le récit de l’Annonciation, elle traverse plusieurs étapes :

  • Elle reçoit un appel, un murmure venu de l’invisible.
  • Elle est troublée, car ce qui se révèle dépasse ses repères habituels.
  • Elle pose une question : « Comment cela se fera-t-il ? »
  • Elle reçoit une réponse, qui ne satisfait pas forcément son mental, mais qui l’invite à faire confiance.
  • Elle ose le lâcher-prise et prononce ce « oui » qui ouvre un chemin de transformation.

Chacun-e de nous peut se reconnaître dans ce chemin. Nous avons tous ces instants où quelque chose en nous perçoit une invitation à plus grand, ces moments de résistance où notre mental cherche des garanties, et parfois, cette grâce d’un « oui » qui nous fait avancer sans tout comprendre.

Un chemin de confiance

Rien ne nous est imposé. Il s’agit simplement d’apprendre à écouter, à reconnaître ce qui freine en nous et à nous ouvrir, pas à pas. Car la vie cherche sans cesse à naître en nous. L’infini frappe à notre porte. Et il suffit parfois d’un souffle, d’un silence, d’un mot, pour que tout bascule.

Alors, en ce temps qui nous est donné, quelle part de nous peut aujourd’hui s’ouvrir un peu plus ?

Nils Phildius, 2 décembre 2024


Pour aller plus loin, vous pouvez regarder la vidéo de l’Heure bleu ciel sur ce thème