Une année pour cultiver le Vivant

juin 2025

En ce long week-end de Pentecôte, l’Atelier de spiritualité chrétienne non-duelle s’est achevé pour une trentaine de participant·es, après une année pour les un-e-s — ou deux pour les autres— de chemin partagé, de découvertes intérieures et de traversées profondes. Chaque rencontre a été une occasion de se relier à la Source, d’écouter au-dedans, de faire silence, de laisser grandir en soi ce qui demande lumière et attention.

Pour clore ce parcours, nous nous sommes retrouvé·es pour une retraite finale à Crêt-Bérard. Ce temps fort a permis une relecture incarnée de l’année, dans l’esprit de la Pentecôte : reconnaître le feu intérieur, les mots qui nous ont traversé·es, les gestes reçus, les liens tissés. Un temps pour relier ce qui a été vécu, en célébrer la beauté, et s’ouvrir à ce qui vient.

Une nouvelle année commencera en octobre. Informations et inscriptions ici :
maisonbleuciel.ch/atelier-de-spiritualite

Le texte ci-dessous, rédigé par Claire-Anne Kunzler pour introduire cette retraite, en offre un écho sensible. Il retrace, mois après mois, ce qui a marqué les cœurs et les corps au fil de l’année. Il peut donner une idée de ce que l’on vit dans cet atelier : un chemin de présence, d’intériorité, de transformation et de reliance.


Relecture de l’année lors du week-end final
selon un texte écrit par Claire-Anne Kunzler

Ouvrir le livre de l’année

Relire notre parcours comme si on feuilletait un livre précieux, à la recherche de ce qui a été vivant durant l’année écoulée… comme un grand panorama des lumières qui nous ont touché·e·s, des partages qui nous ont fait vibrer, des questions qui se sont dénouées, des nœuds encore embrouillés qu’il nous reste à démêler…

Relire pour faire des liens, comme un jardinier qui vient accrocher les petites pousses prometteuses, pour les relier à plus Grand, pour qu’elles puissent prendre de la hauteur, recevoir de la lumière, fleurir, porter du fruit

Ma relecture, comme un moment où je m’appuie non pas sur mon regard limité, limitant, mais sur le regard de Ce Souffle Vivant, qui me traverse, plus Grand que moi, qui accueille la vie en moi, telle qu’elle me traverse, telle que je suis.

Comme les disciples d’Emmaüs, qui ouvrent les yeux, et se rappellent du feu que les paroles de cet inconnu faisaient brûler en eux, juste avant qu’ils ne le reconnaissent en lui.

Ouvrir avec douceur le journal de l’année écoulée, comme un long voyage parcouru, mettre en mouvement notre imagination…

Octobre – Le premier week-end

Revoir l’île lointaine déjà de notre premier week-end en octobre dernier, en ce même lieu. Nous mettre à l’écart de nos courses folles, nous initier à l’oraison, vivre des ateliers en extérieur et en dedans, des danses, du corps en mouvement, du chant, des sons, du silence, du Dialogue Intérieur, de la créativité

Oui, embarqué·e·s ensemble avec cet élan de cultiver le Vivant jour après jour, nous connecter à notre désir d’Infini

Novembre – Mort et prière

Puis en novembre, nous avons cheminé avec la mort, notre propre finitude ; laisser retentir en nous la mort de nos proches, ancienne, récente ou à venir. Et nous avons évoqué aussi ce qui pointe en nous la mort de certaines parties de notre moi de ce monde : que serait de « ne garder pour nous rien de nous » ?

En novembre encore, apprendre comment la prière du Notre Père nous adresse tant de questions précieuses… Respirer au cœur de ces 9 questions.

Décembre – Avent et Noël

Puis entrer dans le temps de l’Avent, avec les acquiescements de Marie et de Joseph, qui choisissent la confiance, qui se rendent disponibles, au-delà des carcans sociaux limitants.

Vivre Noël comme un processus intérieur, une naissance intérieure, dans la tendresse pour ce qui en nous est tout fragile. Petite lumière innocente qui vient de nos profondeurs et qui aspire à grandir, à la Lumière du Je Suis qui appelle en nous…

Janvier – Épiphanie

Et repartir dans la nouvelle année dans notre quête vers la Source cachée, sous la conduite des rois mages, qui nous montrent un autre chemin. Ils se heurtent tout comme nous aux voix de pouvoir qui font obstacle, ces voix qui, comme Hérode, sont prêtes à tuer en nous ce qui est petit, innocent, libre, spontané, sans voix, dépendant d’un autre ; qui sont prêtes à tuer l’étoile de notre cœur sensible au firmament de nos désirs d’infini… Et c’est devant ce tout fragile que nous nous sommes prosterné·e·s.

Février – Baptême et regard intérieur

En février dernier, deux rencontres avec le baptême de Jésus, mais aussi une invitation à nous plonger dans le réel de qui nous sommes, à nous regarder vraiment, dans un grand miroir, avec le soutien de nos compagnon·ne·s d’atelier, ami·e·s d’humanité partagée. Pour nous voir au-delà de nos identifications habituelles, au-delà de “la tête que j’ai”…, et aimer la vie que je vois en acceptant de m’y plonger totalement.

Nous laisser recevoir la parole de vie du baptême, qui vient remettre en fluidité tout ce qui se crispe, chacun·e de nous. Oui, nous sommes les fils et les filles bien-aimés de la Source ; en nous, l’Esprit de l’Infini, le plus-que-vivant, met toute sa joie… Comme Jésus lors de son baptême, nous laisser laver, délester de tout ce qui nous encombre, nous attache, nous dégager des attentes du monde et des illusions de notre ego. Rejoindre cet état d’abandon qui nous permet d’entendre pour nous cette parole inouïe : « Tu es mon enfant bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour. »

Mars – Le désert et les passions

Puis, avec Jésus au désert, nous préparer à vivre Carême, comme une invitation de retour vers la Source, vers cet amour infini, semaine après semaine, jour après jour. Pour cette traversée, nous avons toutes et tous choisi un exercice concret pour nourrir notre élan vers la Source et faire pétiller la joie de cet engagement.

Sur le chemin, rencontrer les forces intérieures qui nous dispersent, ce que les moines du désert ont appelé le tumulte de nos passions. Huit mouvements que nous avons observés en nous :

– nos vides intérieurs comblés par l’excès et la fuite,
– nos tristesses qui figent le présent,
– nos colères, parfois destructrices, parfois vitales,
– nos lourdeurs et découragements,
– nos recherches de reconnaissance,
– notre orgueil déguisé en autosuffisance

Et dans tout cela, revenir, jour après jour, à notre élan de vie, proche de la Source.

Avril – Semaine sainte et clarté du cœur

Le 15 avril, en écho avec l’onction de Béthanie, nous sommes entré·es dans la semaine sainte, avec une méditation de pleine présence par deux. Nous laisser offrir et recevoir le plus précieux de nous, nos parfums d’être, notre présence ancrée dans la Grande Présence du Je Suis en nous. Cet endroit mystérieux qui rayonne depuis notre intériorité, vers les autres, rencontrés tels qu’ils-elles sont, depuis ce que nous sommes tel·les que nous sommes.

Puis une proposition de goûter à la spiritualité du clown, ce lieu en nous qui accepte avec enthousiasme de ne rien faire. Ce clown qui fait tomber nos masques de contrôle, qui déjoue ce qui se prend pour quelqu’un et qui ose montrer trois fois rien, dans une authenticité paradoxale.

Mai – Pain et vin et Ascension

Le rituel du pain et du vin, vécu d’abord avec les compagnons d’Emmaüs, désarçonnés par la mort violente de leur Prophète, écoutés par un inconnu qui se fait reconnaître à la fraction du pain. Nous avons senti combien nous avons besoin d’un autre pour rompre avec nos savoirs, pour réveiller une parole tendre et vivante qui nous rappelle le Je Suis, là, même quand nous ne le sentons plus.

Ce rituel du pain et du vin est venu réveiller un autre sentir, un goût de simplicité dans nos nourritures quotidiennes, transformées en festin de douceur et de Présence, en nourriture essentielle, signe de notre propre alliance avec le Je Suis renouvelée.

Lors de notre dernière rencontre, nous avons vécu l’Ascension, alors même que la Source commençait à vibrer plus fort en nous, voilà qu’elle semble s’absenter. Un chemin encore pour apprendre à s’appuyer sur l’invisible, sur la Présence inaltérable, quoi qu’il arrive. Je Suis, en nous, devant, derrière, autour, avec, pour tous les temps… pour toutes nos météos intérieures.

Juin – Pentecôte et relecture finale

Et puis, ce dernier week-end de juin, dans cette chambre haute de Crêt-Bérard — ce même nom que nous avons donné à notre salle de rencontres à la Maison bleu ciel — nous avons revécu le souffle de la Pentecôte.

Le récit biblique évoque des langues de feu, un feu soudain, une parole qui fait vivre, des voix multiples dans une même vibration, des discours qui touchent droit au cœur. Il raconte cette chambre haute, lieu de veille et de retrait, de peur aussi, où quelque chose se renverse : la peur devient audace, le retrait devient présence, le silence devient parole vivante.

Nous avons relu notre année comme on parcourt un chemin de feu, de vie, de transformation. Une relecture non pour collectionner des expériences, mais pour revenir là, maintenant, à qui je suis. Qu’est-ce qui, sur ce parcours, a été guérissant ? Qu’est-ce qui cherche encore à l’être ?

Avec douceur, avec précaution, sans exaltation, sans écraser les semences fragiles, nous avons accueilli les petites pousses. Nous avons fait silence, écouté, ressenti, noté les traces, les élans, les cadeaux reçus.

Et maintenant, au seuil de ce qui vient, avec gratitude à la vie et à ce que nous sommes devenus, nous laissons résonner l’appel à continuer, autrement peut-être, mais avec la même Source au cœur. Un chemin vivant s’est ouvert. Il continue.

En cette fin d’année, nous voulons exprimer une profonde gratitude à Claire-Anne Kunzler et Brigitte Douxchamps qui ont animé et accompagné l’atelier avec tant de présence, de créativité et de bienveillance, chaque mardi et à chaque week-end, respectivement durant quatre ou deux années. Leur écoute, leur engagement, la qualité de leurs propositions et de leur présence ont profondément nourri le chemin de chacune et chacun.

Nous remercions également Manuel Coley, pour sa précieuse contribution lors des retraites, par sa présence inspirante et sa façon unique de nous relier à l’Essentiel par la voix et le chant.

Elles et il quittent aujourd’hui l’équipe d’animation de l’atelier. Nous leur disons merci, de tout cœur, pour ce qu’ils-elles ont semé, transmis, inspiré tout au long de ces années. Vous pourrez les retrouver dans d’autres propositions, qu’elles et il continuent d’animer, que ce soit au sein de la Maison bleu ciel ou dans d’autres espaces de vie spirituelle.

À l’automne, nous aurons la joie d’accueillir Aline Lasserre Moutet dans l’équipe. Elle poursuivra, à sa manière, cette mission d’accompagnement du Vivant, en lien avec l’esprit de la Maison bleu ciel. Bienvenue à elle dans ce cercle où l’on apprend à transmettre en restant fidèle à la Source.

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