Le 13 mars dernier, la Suisse retenait son souffle en entendant les premières mesures de confinement. Le même soir, ma maman a rendu son dernier souffle. Et j’ai réalisé ensuite que c’était quatre ans, jour pour jour, après un AVC qui avait failli me faire perdre la vie dans ma chair.
Je ne peux m’empêcher de faire un lien entre ces événements qui nous touchent tous et mon histoire personnelle et familiale. Nous vivons tous une épreuve majeure qui est un passage par la mort à tous nos schémas, à toutes nos croyances, habitudes et représentations intérieures. Elle met en péril toutes nos sécurités. Et beaucoup d’évidences sont remises en question : nous passons par des deuils successifs de tout ce qui n’est plus possible – en tous cas plus comme avant.
Pour moi, le confinement ou la quarantaine qui sont imposés à la plupart d’entre nous (pas à tous !) sont un appel à faire retrait(e) au-dedans de nous. C’est comme un passage par une mort initiatique. Oui, cet arrêt complet est une initiation, et elle est très rude sans doute pour beaucoup de personnes.
Mais si c’était pour ré-apprendre à respirer ?
La nature l’a exprimé en quelques jours : elle respire mieux, le ciel est plus clair, les eaux plus limpides. C’est pour nous aussi une invitation à ralentir, à nous ouvrir à du plus vaste, à une respiration plus ample, plus profonde, à un souffle originel. A goûter au silence retrouvé, celui de la Vie en moi, celui de la terre promise, du Royaume des cieux au-dedans de moi.
« Arrête-toi ! Tu connaîtras que Je-Suis Dieu » (Ps 46, 11) dit le psalmiste. Saurons-nous enfin répondre à cette invitation ? Cesser vraiment de nous agiter ?
Ma maman est décédée mais, en rendant Souffle en ce jour si particulier, elle m’a ouvert la porte d’un autre monde et m’a comme donné la Vie une seconde fois. Et si c’était cela « donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13) ?
Nils Phildius, le 19 mars 2020
Merci Nils pour ce magnifique témoignage. Je suis profondément en pensée avec toi.
Toutes ces coïncidences (décès de ta mère, sortie de ton livre,pandémie ) nous rappelle l’extrême richesse et diversité de la vie. Quel rappel!
Je t’embrasse.
Martine
Merci Martine !