Se suffire d’Essentiel : une voie de liberté

Quand le futile prend trop de place

Dans le tourbillon du quotidien, il est si facile de perdre de vue l’Essentiel. À peine une pause, une respiration, et déjà l’agenda se remplit, les urgences prennent le dessus, les obligations dictent le rythme.

Sans même s’en rendre compte, on peut finir par donner plus d’importance qu’il n’en faut à des choses qui, au fond, n’en valent pas la peine. On s’éparpille, on s’éloigne de ce qui nourrit vraiment.

Revenir à l’Essentiel, c’est d’abord prendre conscience de cette dispersion. Observer comment, parfois, nous nous laissons happer par le futile, comment nous nous chargeons de choses secondaires qui finissent par masquer l’essentiel.

Mais alors, qu’est-ce que cet Essentiel ? Qu’est-ce qui, au-delà de tout, suffit à notre être ?

L’Essentiel n’est pas ce que l’on croit

On pourrait penser que l’Essentiel se trouve dans ce que nous faisons, ce que nous possédons, ou dans les expériences que nous accumulons. Mais en y regardant de plus près, ce n’est pas là que se joue l’essentiel d’une vie.

L’Essentiel est ce qui nous suffit vraiment, ce qui nous met en lien avec la Vie profonde en nous. C’est ce que l’on touche parfois dans ces instants où tout semble suspendu, où rien ne manque, où l’on sent que tout est déjà donné.

Vous avez peut-être déjà vécu ces moments où plus rien n’est à chercher, où tout est là. Où les activités extérieures s’effacent, où un sentiment d’immensité et de plénitude s’installe.

Cet état n’est pas réservé à certains moments rares et privilégiés. Il est toujours là, disponible, comme un silence sous le bruit, comme une présence sous l’agitation.

Quand l’agitation masque l’Essentiel

Nos vies sont souvent envahies d’obligations et de sollicitations. Même en vacances, nous sommes rattrapés par la logique du « toujours plus » : plus de découvertes, plus d’expériences, plus d’activités à cocher sur la liste.

Et pourtant, au bout de quelques jours, une autre question peut émerger : de quoi ai-je vraiment besoin ?

Il n’est pas toujours facile de répondre. Car nous sommes conditionnés par des attentes, des images que nous avons intégrées, des désirs qui ne sont pas forcément les nôtres.

Nous avons construit une représentation du monde et de nous-mêmes, qui parfois nous enferme plus qu’elle ne nous libère.

Nous avons aussi des croyances inconscientes qui nous limitent : « Je ne peux pas être heureux-se si… », « Je ne peux pas être en paix tant que… », « Je ne peux pas simplement être… ».

Mais si nous prenions du recul ? Si nous osions poser un regard neuf sur tout cela et laisser tomber ce qui encombre notre horizon ?

Retrouver la bonne part

Dans les évangiles, il est un passage où Jésus est reçu chez Marthe et Marie.

Marthe s’affaire aux tâches du quotidien, pendant que Marie est assise aux pieds de Jésus, l’écoutant en silence.
Marthe, agacée, demande à Jésus de dire à Marie de l’aider.
Jésus lui répond : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, et elle ne lui sera pas enlevée. »

Ce texte a souvent été mal compris, comme s’il opposait l’action et la contemplation. Mais en réalité, Marie et Marthe sont deux sœurs, deux dimensions en nous.

L’action a sa place. Mais lorsqu’elle dérive vers l’agitation, l’inquiétude, la dispersion, elle nous éloigne de la source.

L’Essentiel, la « bonne part », c’est ce qui nous relie à notre être profond, ce qui donne à l’action son juste sens et son juste poids.

Quand l’action prend racine dans l’Essentiel, elle devient ajustée, fluide, porteuse de vie.

L’Essentiel est silence

Ce qui nous relie à l’Essentiel ne se trouve pas dans l’agitation de nos pensées. C’est quelque chose qui se goûte dans le silence.

Un silence qui n’est pas un vide, mais une présence.
Un silence que rien ne peut nous enlever, même au cœur du bruit.
Un silence où tout est déjà donné.

Cet Essentiel, ce Je-suis en nous, ne se cherche pas, il se reconnaît. Il est là à chaque respiration, chaque inspir, chaque expir.

Il suffit d’un instant d’attention pour le retrouver, d’un simple retour vers cette source qui coule en nous, toujours disponible.

Se suffire d’Essentiel

Être attentif à cette présence, à ce silence, c’est faire le choix de l’Essentiel. C’est choisir de ne plus se laisser submerger par l’accessoire, mais d’orienter son regard vers ce qui ne passe pas.

Cela ne signifie pas tout quitter ou fuir le monde, mais habiter chaque instant avec plus de présence et de clarté.

C’est se rappeler que la vie que nous avons passera, mais la Vie que nous sommes est de toute éternité.

L’Essentiel est là, toujours là.
Il ne demande qu’à être reconnu.

Nils Phildius, 4 septembre 2023


Pour aller plus loin, vous pouvez regarder la vidéo de l’Heure bleu ciel sur ce thème