Quand la peur ferme les livres, elle ferme aussi les cœurs

Ce qui se passe aux États-Unis en ce moment a de quoi inquiéter. Dans de nombreuses écoles et bibliothèques, des livres comme Le Journal d’Anne Frank, 1984 ou La Servante écarlate sont interdits. Pourquoi ? Parce qu’ils dérangent, parce qu’ils posent des questions, parce qu’ils ouvrent des portes sur des réalités qu’on préfère ne pas voir.

Quand la peur prend le dessus

Derrière chaque acte de censure, il y a une peur. Peur de ce qui bouscule, peur de perdre le contrôle, peur de voir s’effondrer des certitudes trop rigides. Mais la vérité, c’est que ce qu’on tente d’étouffer finit toujours par se dire autrement.

Etty Hillesum, une voix essentielle

À la Maison bleu ciel, nous revenons souvent au journal d’Etty Hillesum. Son écriture nous accompagne, nous éclaire, nous rappelle qu’il est toujours possible de rester ancré·e, même au cœur du chaos. Une vie bouleversée n’est pas juste un témoignage sur la guerre, c’est une invitation à voir autrement, à traverser l’épreuve avec une conscience élargie, un regard profond.

Si Le Journal d’Anne Frank est aujourd’hui censuré dans certains endroits, pourrait-il en être de même pour celui d’Etty Hillesum ? Pour l’instant, je n’ai pas d’information sur une éventuelle interdiction, mais la similitude entre ces deux journaux intime est évidente. Etty parle librement de sa vie intérieure, de son corps, du désir, de la souffrance et de sa relation à plus grand qu’elle. Son regard dérange parce qu’il ne rentre pas dans les cases : ni totalement religieux, ni totalement politique, ni totalement militant. Juste profondément humain et spirituel.

Protéger les voix qui nous éveillent

Lire, c’est ouvrir une porte vers une autre réalité. C’est être mis·e en mouvement, se laisser questionner, déranger parfois, mais toujours grandir. Empêcher un livre d’être lu, c’est empêcher une rencontre, un dialogue, une prise de conscience. Ce n’est pas protéger, c’est appauvrir.

Il semble pourtant qu’il faille désormais protéger celles et ceux qui nous éveillent, préserver ces paroles qui éclairent et ouvrent des chemins intérieurs.

Lire pour rester libre

Alors, est-ce que nous allons laisser la peur décider de ce que nous avons le droit de lire, de penser, de transmettre ? Ou allons-nous, au contraire, choisir d’élargir l’espace, de garder les portes ouvertes, d’accueillir ce qui nous bouscule ?

L’histoire nous a montré que la censure n’a jamais vraiment protégé qui que ce soit. Elle ne fait que retarder l’inévitable. La vérité trouve toujours son chemin. Un livre qu’on censure ne disparaît pas. Il continue d’exister, de circuler, de résonner dans la mémoire de ceux et celles qui l’ont lu. Puissions-nous être de celles et ceux qui ne détournent pas le regard, qui ne ferment pas les livres trop vite, qui gardent les cœurs ouverts. Car c’est là que réside la vraie liberté.

Nils Phildius, 15 mars 2025

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