Quand vient le temps de naître – Avent 2025

Il arrive dans une vie des moments où l’on sent que quelque chose bouge à l’intérieur, sans pouvoir encore le nommer. Une impression diffuse, parfois inconfortable, parfois pleine d’élan. Comme si l’ancien ne tenait plus tout à fait et que le nouveau n’était pas encore visible. Ce temps entre deux n’est pas une faiblesse ni une erreur. Il est souvent le signe qu’une naissance intérieure est en cours.

Cette expérience n’est pas seulement personnelle. Les textes bibliques, et en particulier la lettre de Paul aux Romains, parlent d’une création entière en travail d’enfantement. Le monde lui-même traverse des douleurs de naissance. Les crises que nous vivons aujourd’hui peuvent alors être entendues non seulement comme des effondrements, mais aussi comme les symptômes d’un monde en gestation, encore fragile, encore incertain, mais porteur de possible.

Ce que nous appelons crise est souvent un appel à naître à plus vaste que nous.

Christiane Singer

Naître ne se décide pas. Cela demande surtout une disponibilité. Souvent, ce qui cherche à naître se manifeste d’abord par une fatigue, une confusion, une perte de repères. Et presque toujours, des résistances apparaissent : peur de l’inconnu, attachement à ce qui est familier, crainte de perdre une identité ou une place. Ces résistances ne sont pas à combattre. Elles sont les contractions mêmes de la naissance.

Dans l’évangile de Jean, la parole de Jésus à Nicodème sur la naissance « d’en haut » rappelle que cette transformation ne se commande pas. Le Souffle agit librement. Il se laisse accueillir plus qu’il ne se maîtrise. Naître, ce n’est pas être prêt-e, c’est être présent-e.

Naître à quoi, alors ? Naître à soi, en cessant peu à peu de se couper de ce que l’on sent vraiment. Naître au « Je-suis », cette présence vivante au cœur de nous, au-delà des rôles et des peurs. Naître à plus vaste que soi, à une confiance discrète qui soutient quand on ne comprend plus. Naître aux autres dans une relation plus simple. Naître au vivant, en retrouvant une appartenance sensible à la terre et aux rythmes de la vie. Et naître au chemin lui-même, sans tout voir à l’avance, mais en osant le pas suivant.

Le temps de l’Avent nous rappelle que ces naissances se font pas à pas. L’Avent n’invite pas à tout changer d’un coup, mais à avancer par petites étapes, semaine après semaine. Un pas modeste, mais juste, est souvent plus fidèle qu’un grand élan. C’est ainsi que le nouveau peut se frayer un chemin sans être forcé.

Quand vient le temps de naître, il ne s’agit pas d’avoir des certitudes, mais d’écouter le Souffle, de laisser le corps devenir partenaire du chemin. Dans ce climat, quelque chose de plus vaste peut émerger, doucement. Et chaque geste de présence, chaque petit pas devient déjà une manière de laisser entrer un peu plus de lumière.


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